La leçon politique de Philippe Couillard
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Véronyque Tremblay était jusqu’à tout récemment chroniqueuse au Journal. À plusieurs reprises, elle s’était montrée virulente à l’endroit du gouvernement Couillard. Tentée par la politique, elle s’est finalement ralliée au Parti libéral. Elle sera candidate dans la partielle de Chauveau. François Legault l’a attaquée. Elle serait vire-capot. Il a aussi tiré à boulets rouges sur Philippe Couillard. Comment peut-il l’accepter dans ses rangs après ses critiques?
La réponse de Philippe Couillard était remarquable. «Moi, je ne dirige pas une secte, je dirige un parti politique [...] On est très heureux d’accueillir des gens de tous les horizons politiques, sauf l’indépendantisme [...] non repenti.» Je traduis ce propos concrètement: tout le monde est accepté au PLQ. Un seul critère d’entrée: refuser l’indépendance du Québec. Le Parti libéral est une coalition de fédéralistes.
La gauche obligatoire ?
Je me suis mis à rêver. Trouverons-nous un jour un leader souverainiste qui dira la même chose du Parti québécois? Une phrase à peu près semblable à la suivante: que vous soyez de gauche, de centre, de droite, vous êtes les bienvenus. Le Parti québécois est une grande coalition souverainiste. Les seules personnes qui ne sont pas appelées à le rejoindre, ce sont les fédéralistes non repentis!
Nous en sommes loin. Très loin. Au fil de la présente course à la chefferie, plusieurs candidats l’ont répété comme un mantra: ils veulent un Parti québécois souverainiste et progressiste. Ils insistent encore: il sera indépendantiste et social-démocrate, sans oublier d’être écologiste. En un mot, ils sont incapables d’imaginer un PQ qui ne serait pas d’une manière ou d’une autre à gauche.
On comprend le message: que ceux qui ne sont pas de gauche se taisent ou aillent voir ailleurs. Faut-il préciser qu’au fil des ans, ils ne s’en sont pas privés. Ils se sont peu à peu déplacés vers l’ADQ de Mario Dumont, d’abord, puis vers la CAQ de François Legault.
Résultat de cela: les nationalistes sont désormais divisés en deux grandes formations politiques. Et les francophones se divisent jusqu’à commettre un suicide électoral.
Mais dans cette course, les péquistes se sont bien moins intéressés aux centaines de milliers d’électeurs passés à la CAQ qu’aux électeurs passés à Québec solidaire et aux derniers militants d’Option nationale. Comme si les premiers étaient des âmes damnées irrécupérables alors que les autres méritaient une sollicitude éternelle. On fera tout pour ramener ces brebis égarées. Le PQ préfère perdre 100 votes à droite qu’un vote à gauche.
Une coalition
Les péquistes croient-ils vraiment récupérer les caquistes en mettant de l’avant ce qui les a poussés à quitter le navire souverainiste? Quand les péquistes expliquent qu’ils veulent faire du Québec un pays social-démocrate, comprennent-ils qu’ils envoient un message étrange? Que si le pays du Québec n’est pas social-démocrate, ils n’en veulent pas? Veulent-ils imposer une constitution qui fera de la gauche le cadre obligé de la collectivité?
Des souverainistes, il y en a à gauche, au centre, à droite. Ils doivent retrouver une maison commune. Car on oublie qu’ils ont en commun l’essentiel: le désir de voir le Québec se gouverner lui-même. Être maître chez lui, assumant fièrement son identité collective. Une fois souverains, les Québécois voteront des fois à droite et d’autres fois à gauche. On appelle cela la démocratie.
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