Des infirmières avec plus de responsabilités dans le Nord
Elles peuvent pratiquer plusieurs interventions médicales, dont des accouchements
Coup d'oeil sur cet article
À Quaqtaq dans le Grand Nord québécois, comme dans la majorité des villages Inuits, la population ne bénéficie pas des services d’un médecin résident. Une situation qui permet à Isabelle Gagnon de Saint-Félicien, une infirmière en «rôle élargie» rattachée au CSSS de Dolbeau-Mistassini, d’y pratiquer, entre autres, des accouchements.
Depuis septembre 2014, la Félicinoise travaille pour le Centre de Santé Tulattavik de l’Ungava à Quaqtaq, un village Inuit qui compte près de 500 résidents. À 50 ans, elle a décidé de réaliser ce rêve en y occupant un poste d’infirmière en «rôle élargi».
«Je peux soigner une blessure à l’aide de points de suture, procéder à des accouchements, brûler des verrues, intervenir pour des bronchospasmes, pneumonie, infarctus, hémorragie intra crânienne à la suite d’accidents de motoneige et autres», explique Isabelle Gagnon.
Dans son quotidien, après un premier diagnostic elle transmet l’évaluation au médecin basé à Kuujjaq. En cas d’urgence, le patient est évacué à l’aide d’un avion-ambulance.
Désengorgement
Isabelle Gagnon déplore que les infirmières n’aient pas plus de droits ailleurs au Québec.
«Si nous avions plus de droits, nous pourrions davantage aider les médecins et limiter le temps d’attente dans les cliniques».
Dans le Grand Nord, elle peut, en plus de pratiquer certaines interventions réservées aux médecins, exécuter les 35 ordonnances collectives autorisées par le ministère de la Santé et des Services sociaux dans les cliniques extramurales.
Difficile retour à la réalité
Lorsqu’on demande à Isabelle Gagnon si elle pense revenir pratiquer dans la région, elle hésite: «C’est la famille qui va décider».
Ses proches l’appuient sans réserve et souhaitent que l’expérience d’Isabelle se poursuive au-delà de ce premier contrat d’un an.
«Je désire qu’elle y retourne après cette première année. Là bas, elle a beaucoup d’amis et les gens apprécient son travail», explique son conjoint, Daniel Julien.
Chaque séjour de deux mois est suivi d’un retour à la maison pour une période d’un mois.
Formation
Pendant les mois qui ont précédé son départ pour Quaqtaq Isabelle Gagnon a dû se rendre à Montréal pour y suivre une formation d’un mois chez Solution Nursing, en plus d’apprendre l’anglais.
«On ne peut travailler dans le Nord sans avoir obtenu la qualification en rôle élargie. Ça me permet de procéder à une évaluation clinique d’une personne qui se présente avec un malaise physique quelconque ou encore ceux qui ont des problèmes d’ordre mental».
Le modèle de Quaqtaq bientôt utilisé ailleurs ?
Pour l’Ordre des infirmières et infirmiers du Québec, il est primordial que ses travailleurs de la santé aient plus de liberté et de droits de pratique dans toutes les régions du Québec. Un modèle semblable à celui du Grand Nord, avec des infirmières en rôle élargi, pourrait être utilisé partout ailleurs pour désengorger le système de santé.
«Nous avons une obsession. Ça s’appelle un accès aux soins de santé. On souhaite ardemment et on prend tous les moyens pour que 2015 soit une année historique pour améliorer ces accès aux soins», explique Lucie Tremblay, présidente-directrice générale de l’Ordre.
Elle a également déclaré au Journal que d’ici la fin du mois six CHSLD du Québec pourront compter dans leur équipe de travail d’infirmières praticiennes spécialisées.
Première au Québec
«Je vous confirme que six projets “vitrine” seront implantés d’ici la fin du mois dans Chaudières-Appalaches au CSSS Alphonse-Desjardins, dans la région de Montréal au CSSS du Sud-Ouest-Verdun et au CSSS Ahunstic-Montréal-Nord, au Centre-du-
Québec au CSSS Bécancour-Nicolet-Yamaska, dans la région des Laurentides au CSSS St-Jérôme et en Montérégie au CSSS Champlain-Charles-LeMoyne».
Il s’agit d’une bonne nouvelle pour l’Ordre qui crie haut et fort l’importance de faire confiance aux infirmières pour qu’elles puissent exercer les tâches que leur permet le carnet des Ordonnances collectives.
«Sur le terrain, on constate qu’il y a une méconnaissance du champ d’exercices de l’infirmière. Il y a du travail à faire à ce niveau».
D’autres projets du même type pourraient également voir le jour dans les prochains mois.
Brèves
Vous désirez réagir à ce texte dans nos pages Opinions?
Écrivez-nous une courte lettre de 100 à 250 mots maximum à l'adresse suivante:
Vous pouvez aussi nous écrire en toute confidentialité si vous avez de l'information supplémentaire. Merci.