Des fruits et des légumes trop moches ont nourri 2000 démunis

SAINT-JOSEPH-DU-LAC | Un père et sa fille ont réussi à nourrir 2000 démunis en ramassant chez les producteurs des fruits et légumes trop moches pour être vendus au marché. Ils visent à en distribuer encore plus cet été.

Ces fruits et légumes sont rejetés par le marché parce qu’ils sont considérés comme trop gros, difformes, salis par la pluie, ou encore égratignés. D’autres sont carrément laissés aux champs par les producteurs parce que le prix d’achat qui leur est offert est tellement faible qu’il coûte plus cher de les cueillir que de les laisser pourrir sur place. Les supermarchés disent que les consommateurs ne veulent que des aliments parfaits et pas chers.

Selon diverses sources, c’est de 30 à 50 % des récoltes qui sont ainsi cultivées en pure perte. Et cet été ne fera pas exception à la règle.

«On ne s’attendait pas à une réponse aussi forte de la part des producteurs. On est loin d’avoir fait le tour et de tout ramasser. Alors que je pensais récupérer 10 boîtes, on m’en offrait 100», raconte Sandrine Contant-Joannin, l’instigatrice du projet.

Vague de solidarité

L’idée est venue en jasant avec son père, Roland Joannin. Quelques semaines plus tôt, Roland avait été secoué lorsqu’il avait été interpellé par un citoyen affamé, au coin d’une route.

Sans trop savoir quelles réponses ils recevraient, ils ont lancé le projet de ramasser les restants non vendus des producteurs de leur coin. En quatre mois, ils ont recueilli 24 tonnes de toute sorte de légumes et de fruits en provenance d’une vingtaine de producteurs de la MRC des Deux-Montagnes. Cette année, ils projettent de ramasser 36 tonnes de dons.

L’initiative a créé un tel sentiment de solidarité que deux producteurs leur prêtent des parcelles de terre pour planter du chou kale et des patates, qui sont plus rares à trouver. Un autre offre son entrepôt réfrigéré pour prolonger la période de conservation, avant la distribution.

Un mécanicien s’occupe de l’entretien du camion, un imprimeur local fournit les dépliants gratuitement et une pépinière commandite les engrais aux champs.

«Cette année, on a élargi le nombre d’organisations qui recevront des denrées, car on a encore plus de producteurs participants. On collabore avec Moisson Laurentides», ajoute l’étudiante en ethnologie et patrimoine à l’Université Laval.

Ailleurs au Québec

Des personnes se sont inscrites comme bénévoles pour participer à l’entretien des deux parcelles en culture et pour la récolte, jusqu’à la mi-août.

«C’est dans l’air du temps. On reçoit des appels de toute sorte de monde, y compris de la Gaspésie où des gens veulent aussi ramasser des légumes et des fruits rejetés. C’est une façon de voir la sécurité alimentaire», complète Sandrine Contant-Joannin.