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Des sauterelles pour nourrir les réfugiés syriens

Des sauterelles réduites en farine servent à la fabrication d’un mélange à falafels et à humus qui pourrait nourrir les réfugiés.
Photo d'archives Des sauterelles réduites en farine servent à la fabrication d’un mélange à falafels et à humus qui pourrait nourrir les réfugiés.

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Des falafels et de l’humus faits de fari­ne de sauterelles et inventés à Montréal pourraient bientôt nourrir les réfu­giés syriens dans les camps.

«On a voulu créer quelque chose qui allait être familier aux réfugiés, quelque chose qui fait partie de leur alimentation quotidienne, qui va les réconforter», explique Loloah Chamoun, étudiante à l’Université McGill.

La recette? Réduisez des sauterelles en farine, agrémentez-les de lentilles et de pois chiches, additionnez de protéines de riz et de sésame, ajoutez de l’eau, façonnez des boulettes et jetez-les dans l’huile bouillante.

Défi scientifique et culturel

Vous obtiendrez des falafels ultraprotéinés et riches en fer. De quoi remplir des dizaines d’estomacs affamés en un rien de temps, sans un réfrigérateur à la ronde.

Simple? Il ne faut pas se fier aux apparences. Il a fallu six mois de travail à une équipe de six étudiants en science alimentaire pour parvenir à ce résultat.

Salwa Karboune, Université McGill
Photo d'archives
Salwa Karboune, Université McGill

«Les insectes sont noirs. Il fallait neutraliser le pigment noir et s’assurer que le processus de fabrication ne détruirait pas les nutriments de chaque ingrédient», explique la Pre Salwa Karboune, qui a dirigé les jeunes chercheurs.

Les étudiants ont aussi dû trouver l’unique insecte dont la consommation est permise par le Coran puisque leur produit est destiné à une population majoritairement musulmane.

Le résultat qui se présente sous forme de poudre est un franc succès. L’équipe montréalaise a en effet remporté la première place à la prestigieuse compétition Developing Solutions for Developing Countries, au concours annuel de l’International Food Technologists, à Chicago, il y a quelques jours.

Visée humanitaire

Flairant la bonne affaire, des entreprises privées se sont vite manifestées auprès des jeunes savants de McGill. Mais ceux-ci ont refusé toutes les offres pour concentrer tous leurs efforts à convaincre l’Organisation des Nations unies d’adopter leur invention. Un processus qui est en cours.

«La compétition, ce n’était pas pour l’argent, pour le succès monétaire. On veut vraiment avoir un impact dans la vie des gens, des femmes et des enfants en particulier», souligne Mme Chamoun.

Aliment d’avenir

Toute son équipe est originaire du Moyen-Orient et est particulièrement touchée par le conflit syrien qui a fait plus de 210 000 morts et 10 millions de déplacés en quatre ans.

Pour ces réfugiés, l’accès à la nourriture est un défi quotidien et les insectes pourraient bien être la clé de la survie. En effet, l’Organisation des Nations unies pour l’agriculture et l’alimentation (FAO) les considère comme une solution à la faim dans le monde.

«Les insectes comestibles contiennent des protéines de haute qualité, des vitamines et des acides aminés pour les humains», explique-t-elle. Ils se reproduisent et croissent très rapidement, ont besoin de peu d’espace et d’aliments, et «émettent moins de gaz à effet de serre et d’ammoniac que l’élevage traditionnel», poursuit la FAO.

 

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