Un blogueur controversé prêt à tout
Celui qui banalise le viol compte bien donner une conférence à Montréal samedi, malgré les contestations
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L’auteur et blogueur qui sème la controverse en banalisant le viol est déterminé à donner une conférence à Montréal coûte que coûte. Au point même de s’en prendre publiquement aux deux opposantes et à une journaliste.
Daryush Valizadeh, alias Roosh V, a prévu présenter une conférence dans un hôtel de Montréal samedi, sur ses astuces pour conquérir les femmes et dénoncer le féminisme. Rapidement, un mouvement de citoyens s’est mobilisé pour empêcher sa venue dans la métropole, rapportait Le Journal mardi.
Devant la controverse créée par la venue du blogueur, l’hôtel Omni a même décidé d’annuler l’événement. Mais sur son forum, il a indiqué hier avoir trouvé un autre endroit. Les coordonnées de la conférence seront transmises par messages cryptés, a-t-il dit.
«Je ne vais pas laisser quelques centaines de freaks m’arrêter. Je suis prêt à aller très loin pour être certain que mon plan se concrétise. J’ai besoin de votre aide. Je ne peux pas y arriver seul», dit-il dans une vidéo de sept minutes, répétant qu’il serait prêt à aller en prison si sa conférence devait être annulée.
« Contre-attaque »
Roosh V a aussi décidé d’organiser une «contre-attaque» en règle contre deux femmes qui ont lancé un mouvement de contestation sur Facebook ainsi qu’une pétition en ligne (qui a récolté plus de 12 000 signatures).
En plus de s’en prendre à Aurélie Nix et Sarah Parker Toulson, l’homme a aussi visé la journaliste Marie-Ève Dumont du Journal de Montréal, parce qu’elle serait «la première à avoir révélé le lieu» secret de sa conférence.
Dans cette attaque qu’il a baptisée «l’opération Médusa», il invite ses adeptes à lui envoyer de l’information concernant les trois femmes.
«SVP, envoyez-moi par courriel n’importe quelles informations privées, incluant adresses, numéro de téléphone, famille, propriétés qu’elles possèdent ou employeurs», a-t-il écrit.
Une «contre-attaque» qui dépasse les limites, croient certains experts.
«En voulant obtenir des renseignements personnels dans le but de s’en servir, c’est d’abord menaçant et c’est en violation du droit à la vie privée», a exposé l’avocat Julius Grey.
La ministre de la Justice a à nouveau condamné les propos du blogueur, alors que «des femmes auraient été victimes d'intimidation, de menaces de mort et de menaces de viol».
Au Service de police de Montréal, on indique qu’une enquête sera ouverte aussitôt qu’une plainte sera déposée, a fait savoir le sergent Jean-Bruno Latour.
Extrait de la vidéo de Roosh V:
«Sur une page Facebook, un protestataire a promis que 300 personnes freaks allaient se présenter devant l’hôtel au moment de l’événement. La police de Montréal a contacté l’hôtel, pour les aviser qu’il devait engager davantage de sécurité pour les invités. L’hôtel a paniqué et a annulé l’événement. Je veux savoir comment les policiers ont été mis au courant.»
«Il y a deux choses que je peux vous garantir. La première: cet événement va avoir lieu. La deuxième: je vais aller en prison. Si je ne peux pas tenir ma conférence, je vais confronter ces personnes (protestataires) verbalement et on sait comment ça peut se terminer.»
Ceux qui le dénoncent:
«Cet homme fait de l’intimidation, c’est inacceptable. Il défend ses propos violents et misogynes en prônant son droit à la liberté d’expression, mais ne respecte pas du tout la liberté d’expression des femmes en désaccord avec lui. Et en plus, il les cible individuellement en les nommant et en demandant de l’information sur elles.»
- Julie Miville-Dechêne, présidente du Conseil du statut de la femme
- Mélanie Sarroino, Regroupement québécois des CALACS
- Sarah Parker-Toulson, une protestataire visée par le blogueur
Qu’a-t-il dit au sujet des trois femmes:
► Aurélie Nix: créatrice de la page Facebook contre sa venue
«Elle a faussement accusé des hommes de la harceler alors qu’elle montrait publiquement son corps nu sur internet.»
«Elle passe 4 heures par jour sur Twitter plutôt que de s’occuper de sa famille. Pour la sécurité de ses enfants, nous devrions déposer une plainte auprès des services sociaux pour dénoncer le fait qu’elle est une mère indigne, mentalement instable.»
«Elle est celle qui a rendu public en premier l’endroit secret de ma conférence [...] ce qui veut dire qu’elle travaille avec les contestataires.»