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L’école doit fournir les iPad

Les établissements publics n’ont pas le droit d’exiger des parents qu’ils paient pour des tablettes obligatoires

À la rentrée, tous les élèves de la première à la troisième secondaire de l’école Le Sommet, à Charlesbourg, auront un iPad en classe, payé par leurs parents. Sur la photo, un élève utilise un iPad connecté à un clavier pour faire ses travaux scolaires.
Photo courtoisie À la rentrée, tous les élèves de la première à la troisième secondaire de l’école Le Sommet, à Charlesbourg, auront un iPad en classe, payé par leurs parents. Sur la photo, un élève utilise un iPad connecté à un clavier pour faire ses travaux scolaires.

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Les écoles publiques n’ont pas le droit d’obliger les parents à acheter une tablette électronique pour leurs enfants en classe, comme c’est le cas dans une école secondaire de Québec, tranche le ministère de l’Éducation.

Le Journal a obtenu une lettre envoyée à tous les directeurs généraux des commissions scolaires à la fin juin concernant l’imposition aux parents, par certaines écoles, de frais liés à l’achat obligatoire de tablettes électroniques pour les enfants.

Puisque la Loi sur l’instruction publique prévoit que les écoles doivent fournir le matériel didactique requis pour l’enseignement, comme les manuels scolaires, le ministère invite les commissions scolaires «à fournir gratuitement les tablettes électroniques lorsqu’elles sont exigées par une école».

Un cas à Québec

À Québec, depuis l’an dernier, tous les élèves de première secondaire de l’école publique Le Sommet, à Charlesbourg, utilisent en classe un iPad dont les coûts sont obligatoirement payés par les parents. Jeudi, il n’a pas été possible de savoir si d’autres écoles publiques de la province imposent elles aussi un tel achat aux parents.

Interrogé à ce sujet l’automne dernier, le ministère de l’Éducation aura finalement mis plusieurs mois à résoudre le flou juridique entourant cette question.

Une décision controversée

La décision ne fait toutefois pas l’unanimité. Thierry Karsenti, titulaire de la Chaire de recherche sur les technologies de l’information en éducation à l’Université de Montréal, estime qu’il s’agit d’un «règlement d’une autre époque».

Cet expert craint qu’avec une telle décision, «le clivage» ne s’accentue encore davantage entre le public et le privé, où les tablettes sont bien présentes depuis déjà quelques années.

Même la Fédération des comités de parents considère que le ministère devrait plutôt respecter les décisions prises à ce chapitre par les conseils d’établissement de chaque école, lorsque tout a été fait dans les règles de l’art comme à l’école Le Sommet.

Avec une telle décision, le gouvernement devra maintenant être cohérent et financer adéquatement les écoles qui désirent que leurs élèves utilisent la tablette, affirme sa directrice générale par intérim, Lyne Deschamps.


Un établissement de Québec veut défier la loi

Malgré la décision du ministère de l’Éducation, l’école secondaire Le Sommet garde le cap, indique son directeur, Yves Savard.

Plutôt que de faire marche arrière, la commission scolaire contactera le ministère afin de lui expliquer sa démarche. Avant de lancer ce projet, les parents ont été consultés et la décision a été appuyée par le conseil d’établissement de l’école, explique M. Savard. «Le but, c’est d’expliquer ce qu’on a fait. Je n’ai pas de parents qui me disent qu’ils sont contre ça et qui montent aux barricades. Je n’ai pas eu de plaintes», lance-t-il.

La commission scolaire espère que le ministère reviendra sur sa décision. «Il va falloir que la loi évolue. On est dans un contexte où on est en compétition avec le privé», affirme son secrétaire général, Jean-François Parent.

Le coût d’un iPad – environ 600 $ – peut être payé sur trois ans et les applications pédagogiques sont fournies par l’école. La facture pour le matériel scolaire sera réduite d’environ 80 $ par an, ce qui représente des économies de 240 $ sur trois ans.

L’école a aussi été chercher du financement auprès de différents organismes pour «deux ou trois familles» qui n’avaient pas les moyens de payer pour la tablette, ajoute son directeur.

« Un modèle »

Du côté de la Fédération des comités de parents, on n’a que de bons mots pour cette initiative considérée comme «un exemple» puisqu’il s’agit d’une «décision du milieu respectueuse de chacun».

Le spécialiste des nouvelles technologies à l’école, Thierry Karsenti, considère aussi ce projet comme un «modèle» réalisé dans des «conditions idéales» qui incluent notamment de la formation pour les enseignants.


Ce que dit la Loi sur l’instruction publique

Article 7 - L’élève a droit à la gratuité des manuels scolaires et du matériel didactique requis pour l’enseignement des programmes d’études. [...] Ce droit à la gratuité ne s’étend pas aux documents dans lesquels l’élève écrit, dessine ou découpe.

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