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Parade de la Victoire dans le Quartier Chinois

2 septembre 1945

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Avant Après
Photo courtoisie BAnQ, fonds Conrad Poirier P48,S1,P12331
Photo Le Journal de Montréal, Ben Pelosse

Une fête mémorable

Vers 15 h, le 2 septembre 1945, la grande parade du V-J Day (Victory over Japan Day) s’ébranle sur la rue De La Gauchetière dans le Quartier chinois à Montréal! La capitulation officielle du Japon vient de mettre fin à huit ans de guerre éprouvante commencée en 1937 par une brutale invasion de la Chine. Invités de marque, discours officiels, parade animée, feux d’artifice, performances de jujitsu, pièces de théâtre et danses sont au programme. Tous les Montréalais sont conviés. Selon les mémoires du président des Francs-Maçons, Jack Wong, la pièce de théâtre haute en couleur qu’ils ont organisée en soirée est si courue que «même l’eau n’aurait pas pu passer à travers la foule compacte». Jusque tard dans la nuit, la ville célèbre au rythme des grands tambours traditionnels de l’orchestre cantonais Gin Hong de Toronto. Marquant la participation courageuse de la Chine aux côtés des alliés, la fête est encensée dans les journaux les jours suivants. Pour la communauté chinoise souvent discriminée, cette reconnaissance a sans doute l’effet d’un baume.

Derrière les coulisses, les Francs-Maçons chinois

Pour organiser les célébrations, les associations chinoises mettent de côté leurs divergences et défilent ensemble pour la première fois. Parmi elles, les Chinese Freemasons ou Francs-Maçons chinois. Malgré leur nom, ceux-ci ont peu à voir avec l’organisation fondée au 16e siècle au Royaume-Uni. En Chine, cette société secrète était connue sous le nom de Zhigongtang. Ses adhérents avaient pour objectif de faire tomber la dernière dynastie mandchoue, considérée comme une domination étrangère. Pour éviter les soupçons, cette organisation se renomme Francs-Maçons en Amérique, un nom familier pour les autorités locales. Bien que ses visées politiques l’opposent à d’autres associations chinoises, la branche montréalaise des Freemasons fondée en 1903 joue le rôle d’une société d’entraide, s’occupant entre autres d’honorer les défunts de cette petite communauté d’expatriés comptant 1272 personnes en 1941.

Chop Suey pour 50 cents !

Situé au 53, De La Gauchetière, le Chunking Café est en fête. Comme son enseigne lumineuse l’annonce, on y sert du chop suey. N’essayez pas d’en trouver en Chine! Ce plat, s’inspirant d’un ragoût de la région de Canton, serait une déformation du terme cantonnais tsap seui, signifiant «restes mélangés». Selon la légende, lors de la ruée vers l’or à San Francisco, des mineurs seraient entrés dans un restaurant chinois après la fermeture en réclamant un repas. Le cuisinier improvisa un plat de retailles de légumes et de viandes, le tout arrosé de sauce soya épaissie. À son grand étonnement, le plat fut un succès. La mode se répand un peu partout en Amérique du Nord, le Chop Suey Café étant souvent le premier restaurant chinois à s’installer en ville. Dès les années 1930 au Québec, les ménagères des milieux modestes servent ce mets bon marché parfois cuisiné ou acheté en conserve le vendredi, jour maigre.

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