Oui, la météo affecte le moral
Les hauts et les bas de dame Nature influencent notre humeur selon un météorologue et un médecin
Coup d'oeil sur cet article
La chaleur nous rend plus agressifs, le beau temps facilite la séduction et les orages sont propices aux suicides, affirme un météorologue.
«Nous sommes sous l’influence de la météo tout le temps», plaide Gilles Brien, qui a été météorologue à Environnement Canada pendant 33 ans.
Ce passionné de météo vient de faire paraître son livre Les Baromètres humains, dans lequel il explique, en collaboration avec le Dr Wilhelm Pellemans, en quoi la météo agit sur notre santé, nos émotions et nos comportements.
Lorsque le Canadien a remporté la coupe Stanley en 1993, la fête qui a suivi dans le centre-ville de Montréal a tourné à l’émeute et causé pour 20 millions $ de dégâts.
Selon M. Brien, la température anormalement élevée ce soir-là (8° au-dessus de la normale) a eu un impact sur les fans.
«Il est prouvé que l’agressivité monte en flèche avec le mercure», explique le spécialiste, citant aussi en exemple les émeutes meurtrières qui ont suivi la finale de la coupe d’Europe, à Bruxelles, en 1985.
Pas moins de 39 personnes sont mortes en cette torride journée de mai.
En contrepartie, lorsqu’il fait beau, «on a tendance à être plus détendu et moins méfiant». C’est le moment idéal pour aborder un homme ou une femme qui nous plaît dans la rue.
«Des études montrent que les femmes donnent plus facilement leur numéro de téléphone lorsqu’il fait soleil», souligne M. Brien. Dans son livre, l’auteur se penche sur plusieurs événements qui ont marqué le Québec et explique l’impact qu’a eu la météo.
Selon le météorologue, c’est une série de fronts froids, accompagnés d’averses presque tous les jours, qui a mis fin au printemps érable en 2012.
«Personne n’aime manifester sous la pluie et dans le froid», insiste M. Brien.
Vague de suicides
En janvier 1996, cinq adolescents se sont enlevé la vie à Coaticook.
«Après une vaste enquête, le rapport du coroner conclut à l’absence de liens entre les suicides. Or, il y a un lien, plaide Gilles Brien. Les suicides de Coaticook se sont tous produits dans la période de l’année où le soleil est à son plus bas.»
Les gens ne se suicident pas davantage à cause du temps moche qui s’éternise, explique le spécialiste, mais plutôt en raison de certaines configurations atmosphériques anormales, comme une longue vague d’air chaud en hiver ou des épisodes orageux.
«Ces situations déclencheraient des processus internes d’ordres physiologique et psychologique menant à des idées suicidaires», soutient Gilles Brien.
♦ Cliquez ici pour consulter la météo
Qu’est-ce que la biométéorologie ?
La biométéorologie est une nouvelle discipline médicale qui analyse l’impact de la météo sur notre santé.
347
C’est le nombre tempêtes de neige que le Québécois moyen affrontera dans sa vie, ont calculé des météorologues.
Les conditions atmosphériques de votre mois de naissance ont un impact sur votre santé future, explique Gilles Brien. «Par exemple, un enfant qui naît en mai emmagasinera une plus grande quantité de vitamine D dans les mois suivant sa naissance qu’un enfant qui naît en décembre», note le météorologue. Ce dernier s’appuie sur une étude hongroise pour affirmer que les personnes nées en été sont par conséquent moins sujettes aux humeurs dépressives, et plus positives que celles nées en hiver.
Impossible de conclure pour l’instant que la pleine lune nous rend plus anxieux, plus stressés ou plus nombreux à nous présenter aux urgences des hôpitaux. «Quand la pleine lune arrive, les infirmières, les policiers, les gardiens de prison, tous les intervenants de première ligne se conditionnent eux-mêmes à observer plus de changements dans leur entourage», croit Gilles Brien.
Plus de crimes au-dessus de 30 °C
Dès que le mercure dépasse ce seuil, les voies de fait et la violence conjugale augmentent, souligne le spécialiste de la biométéorologie Gilles Brien. En effet, des études américaines montrent que c’est en été qu’on recense le plus de crimes contre la personne.
L’esclavage stoppé par la météo
Dans son livre, Gilles Brien avance que c’est en partie à cause du temps froid et des périodes de gel que l’esclavage n’a pas prospéré au nord des États-Unis et au Canada. «Il était coûteux de faire travailler les esclaves seulement l’été, explique-t-il. Il fallait les nourrir et les abriter durant les mois d’hiver où ils étaient improductifs. Voilà pourquoi les esclaves se retrouvèrent très majoritairement au Brésil, dans les Caraïbes et dans le sud des États-Unis.»
Mieux vaut attendre une journée de beau temps. «Le soleil a pour effet de baisser nos gardes, note Gilles Brien. Le patron est alors moins concentré et sa capacité de jugement est diminuée.»
C’est aussi quand il fait beau qu’il faut jouer à la Bourse. «Les transactions effectuées sur le parquet de la Bourse les jours ensoleillés rapportent plus de dividendes que lorsque le ciel est couvert», note le météorologue, s’appuyant sur une étude de l’Université de Toronto.
Brèves
Vous désirez réagir à ce texte dans nos pages Opinions?
Écrivez-nous une courte lettre de 100 à 250 mots maximum à l'adresse suivante:
Vous pouvez aussi nous écrire en toute confidentialité si vous avez de l'information supplémentaire. Merci.