Québec rasera bien un site archéologique
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Québec persiste dans sa décision de raser l’important site archéologique découvert sous l’échangeur Turcot, car il doit remplacer à cet endroit le sol qui est trop instable pour accueillir les nouvelles structures routières.
«Ce sont 100 millions de véhicules qui utilisent ce secteur annuellement [...] et on va se dire les vraies affaires, c’est un peu difficile de faire un site de visite en plein milieu de Turcot», a indiqué le ministre des Transports Robert Poëti.
La semaine dernière, Le Journal révélait que le ministère des Transports avait dépensé 1,6 M$ en services archéologiques depuis 2008 pour trouver et déterrer le village des Tanneries qui remonte à l’époque de la Nouvelle-France.
Toutefois, il a ensuite décidé d’enfouir le site pour continuer les travaux sur l’échangeur Turcot.
Cette décision a fait bondir les élus de l’arrondissement du Sud-Ouest, qui ont exigé que Québec revoie le tracé de Turcot pour protéger le site.
Site « important »
Pour le directeur de l’archéologie du ministère de la Culture et des Communications, l’endroit est «d’importance» pour l’histoire du Québec. Toutefois, il ne croit pas que les vestiges devraient être préservés.
«La conservation des bâtiments n’est pas envisagée par le ministère ni souhaitée sur le plan patrimonial. Le déplacement [des vestiges] est une moins bonne pratique encore et c’est reconnu au niveau international», a indiqué Jean-Jacques Adjizian.
Cette décision a d’ailleurs reçu l’appui de la ministre de la Culture Hélène David, du ministre des Transports Robert Poëti et du maire de Montréal Denis Coderre lors d’une conférence de presse hier.
Avant d’être rasé, le site sera documenté et répertorié par des archéologues en plus d’être modélisé en trois dimensions pour assurer sa pérennité.
Exposition
Les archéologues ont également accumulé près de 150 boîtes d’artéfacts qui seront conservés et mis en valeur par un comité mandaté par Québec et la Ville de Montréal.
La présidente du comité et directrice générale de la maison Saint-Gabriel espère d’ailleurs créer une exposition dans son établissement historique pour faire valoir ces artéfacts.
«Il faut créer quelque chose de très beau et redonner vie à ces vestiges qui permettront aux résidents de Saint-Henri de découvrir leur histoire», a raconté sœur Madeleine Juneau. Sans connaître de chiffre précis, elle croit que le projet coûtera quelques centaines de milliers de dollars.
Le village des Tanneries de Saint-Henri
- Le village a commencé avec l’apparition d’une première tannerie vers 1670 près de l’intersection des rues Saint-Jacques et Saint-Rémi. On en dénombrera une vingtaine au milieu du 19e siècle.
- La plus vieille fondation déterrée par les archéologues est une fondation de maison qui daterait de 1750.
- C’est en 1875 que le village devient officiellement la municipalité de Saint-Henri.
- La majorité des anciennes tanneries et résidences abandonnées ont été rasées entre 1966 et 1972 pour faire place à l’échangeur Turcot et l’autoroute Ville-Marie.