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Cégeps: à peine 31% des étudiants obtiennent un diplôme dans les délais

La plupart des étudiants ont besoin de plus que les deux ou trois ans requis pour leur formation

Selon la Fédération des cégeps, la durée moyenne pour obtenir un diplôme est de 2,4 ans pour une formation préuniversitaire et de 3,9 ans pour une formation technique, un chiffre relativement stable depuis une vingtaine d’années.
Photo stevens leblanc Selon la Fédération des cégeps, la durée moyenne pour obtenir un diplôme est de 2,4 ans pour une formation préuniversitaire et de 3,9 ans pour une formation technique, un chiffre relativement stable depuis une vingtaine d’années.

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De plus en plus de cégépiens ne terminent pas leurs études dans les délais prévus, a appris Le Journal. Moins du tiers d’entre eux arrivent à décrocher leur diplôme en deux ou trois ans.

«C’est extrêmement préoccupant», lance Égide Royer, professeur spécialisé en adaptation scolaire à l’Université Laval. Ce dernier considère qu’il serait «normal» de s’attendre à ce que les trois quarts des étudiants obtiennent leur diplôme dans les délais prévus.

En baisse constante

Or parmi les cégépiens qui se sont inscrits au cégep en 2010, seulement 31,7 % d’entre eux en sont ressortis avec un diplôme en poche deux ans plus tard dans le cas d’une formation préuniversitaire ou trois ans plus tard dans le cas d’une formation technique. Cette proportion est en baisse depuis une dizaine d’années (voir le tableau ci-contre).

«On ne peut que se poser des questions sur le niveau de préparation des étudiants qui sont admis au cégep. C’est un gros symptôme de ce qui se produit en amont», affirme M. Royer.

Beaucoup d’étudiants travaillent plusieurs heures par semaine, ajoute-t-il, ce qui peut aussi peser dans la balance.

Par ailleurs, le taux de diplomation deux ans après la durée prévue est de 62 %, un chiffre plutôt stable depuis une dizaine d’années.

Étudiants en difficulté

À la Fédération des cégeps, on rappelle que les étudiants avec un déficit d’attention ou un trouble d’apprentissage sont de plus en plus nombreux à franchir les portes des cégeps, ce qui est à la base une bonne nouvelle.

«Mais le défi augmente, affirme son président, Bernard Tremblay. On n’est peut-être pas capable de fournir toute l’aide qu’on voudrait leur accorder alors que notre société a besoin de ces jeunes-là», dans un contexte de pénurie de main-d’œuvre.

Alors que Québec consacre plus de 2 milliards $ par année pour les élèves handicapés ou en difficulté d’adaptation ou d’apprentissage (EHDAA) dans le réseau scolaire, les cégeps n’ont que 17 millions $ pour leur offrir des services, ajoute M. Tremblay.

Ce dernier rappelle par ailleurs que le marché du travail est «de plus en plus attrayant», si bien que plusieurs jeunes décrochent un emploi sans avoir terminé leurs études collégiales.

Taux d’obtention du diplôme d’études collégiales (DEC) dans les délais prévus

Cohorte
  • 2000 : 35,2 %
  • 2001 : 35,9 %
  • 2002 : 36,2 %
  • 2003 : 36,1 %
  • 2004 : 36,2 %
  • 2005 : 36,3 %
  • 2006 : 35,2 %
  • 2007 : 34,1 %
  • 2008 : 34,5 %
  • 2009 : 33,1 %
  • 2010* : 31,7 %

* Il s’agit des étudiants qui sont entrés au cégep en 2010 et qui ont terminé leurs études en 2012 (formation préuniversitaire) ou en 2013 (formation technique).

Source: ministère de l’Éducation, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche

Le pire serait encore à venir à cause des compressions

Bernard Tremblay, Fédération des cégeps
Photo d'archives
Bernard Tremblay, Fédération des cégeps

La baisse du taux de diplomation dans les délais prévus est la «preuve tangible» de l’impact des compressions, selon la Fédération des cégeps, qui affirme que la situation risque de se détériorer davantage.

Son président, Bernard Tremblay, est catégorique. Les compressions à répétition qu’ont connues les cégeps au cours des dernières années ont un impact sur la réussite des étudiants puisque moins de services leur sont offerts, comme l’aide pédagogique individuelle par exemple.

Mais le pire est à venir, ajoute-t-il, puisque les chiffres présentement disponibles remontent à 2013. «On voit la diminution dans les services aux étudiants, alors on peut supposer que ça risque d’empirer davantage. [...] C’est pour ça qu’on lance un signal d’alarme. Comme société, on se joue un vilain tour», affirme M. Tremblay.

Couper 150 M$

Le réseau collégial a dû composer avec des compressions de 150 millions $ depuis cinq ans, selon la Fédération des cégeps.

Le son de cloche est semblable du côté de la Fédération étudiante collégiale. «On va voir l’impact réel des compressions dans un ou deux ans. Les compressions ont été ahurissantes depuis les 18 derniers mois, alors les prochaines cohortes vont être affectées», affirme son président, Antoine Côté.

Changement de programme

Pour expliquer la faible proportion de cégépiens qui obtiennent un diplôme dans les délais prévus, M. Côté rappelle par ailleurs qu’une «très large proportion» d’étudiants changent de programme. «Au cégep, les étudiants sont relativement jeunes pour choisir ce qu’ils veulent faire pendant toute leur vie», affirme-t-il.

Ce dernier montre aussi du doigt le manque de ressources en orientation dans les écoles secondaires et le manque de services pour les étudiants en difficulté.

Rappelons par ailleurs que depuis 2008, davantage d’élèves plus faibles ont aussi été admis dans le réseau collégial puisque les cégeps ont commencé à accepter sous condition des élèves qui n’avaient pas tout à fait complété leur diplôme d’études secondaires.

 

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