Un turban dans l’armée
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Après la Trudeaumanie II, le Canada se pâme pour celui qui a été décrété l’homme le plus cool à Ottawa cette semaine. J’ai nommé Harjit Singh Sajjan, le nouveau ministre de la Défense nationale, qualifié avec zeste de badass par les médias du monde entier.
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Même Paris Match est en pâmoison.
Une photo de lui en camouflage circule sur le web. Il porte des lunettes noires, une veste pare-balles, un sourire et... un turban. Harjit Sajjan a été le premier Sikh à commander un régiment canadien.
Sikh pratiquant, la nécessité de porter turban et kirpan ne l’a pas empêché de se distinguer au sein des Forces armées canadiennes pendant 26 ans. Il a complété trois missions en Afghanistan, une autre en Bosnie, atteint le rang de lieutenant-colonel et a été décoré jusqu’aux oreilles. Sans oublier 11 années comme détective avec la police de Vancouver. Devenir ministre témoigne de l’intégration exemplaire d’un immigrant. Rendus là, nous dépassons le stade du multiculturalisme qui divise. Nos valeurs communes s’imposent d’elles-mêmes.
Signes religieux
J’ai lu des commentaires troublants à son sujet: «Comment savoir s’il n’est pas un extrémiste, un poseur de bombes, un militant pour l’indépendance du Punjab et j’en passe?» Sans oublier ces gens qui ne font pas la différence entre un musulman et un sikh. Après le 11 septembre 2001, des sikhs ont payé cette méprise de leur vie.
Devenir ministre témoigne de l’intégration exemplaire d’un immigrant. Rendus là, nous dépassons le stade du multiculturalisme qui divise.
Le Canada anglais a regardé avec incrédulité notre débat sur la place des signes religieux dans la vie publique. Et pour cause: Harjit Singh Sajjan n’a pas eu à enlever son turban pour devenir policier, militaire et ministre. L’armée canadienne a même créé des turbans réglementaires, très dignes, pour ses soldats sikhs. (Les Américains ont des turbans de camouflage!)
Cet homme a risqué sa vie pour son pays d’adoption. Ne comptez pas sur moi pour lui dire de se dénuder le coco.
La mauvaise cible
Pendant que nous déchirons notre chemise collective pour des signes religieux, l’islam politique fait tranquillement des avancées avec l’aide de l’Assemblée nationale, de médias complaisants et d’universitaires sans dessein.
Récemment, l’Institut national de recherche scientifique du Québec (INRS) a tenu un symposium international sur l’islamophobie.
Les organisateurs ont invité Adil Charkaoui (qui chiale déjà que Stéphane Dion est trop gentil avec Israël) et son copain l’imam Salam Elmenyawi qui a milité pour la charia au Québec et qui a demandé une loi pour interdire de rire des religions.
Continuons à nous crêper le chignon pour des couvre-chefs inoffensifs pendant que ces gens font tranquillement avancer leurs idées.
Des symboles puissants
Soyons positifs: j’ai été émue par le parcours de la députée ontarienne Maryam Monsef, 31 ans. Cette réfugiée afghane est arrivée au Canada à 11 ans, en 1996, avec sa mère et ses deux sœurs.
Vingt ans plus tard, cette femme née dans un pays étranger à la démocratie devient ministre des Institutions démocratiques. Quel superbe pied de nez à l’obscurantisme, à la dictature, à l’inégalité des sexes. En prime, elle remplace le pathétique yes man de Stephen Harper, Pierre Poilièvre. Elle ne porte ni burqa ni foulard. Je le précise, car de par chez nous, ces choses-là inquiètent.
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