Des livres lus par des gens stressés et déprimés
Les nombreux adeptes de livres de croissance personnelle sont stressés et déprimés, révèle une étude. Loin de vouloir bannir ces ouvrages, une chercheuse propose plutôt de mieux les choisir.
Spécialiste en stress humain, Sonia Lupien a voulu comprendre ce qui pousse les gens à lire des livres de croissance personnelle et surtout observer leurs effets sur le cerveau.
L’étude qu’elle a réalisée avec des chercheurs de l’Institut universitaire en santé mentale de Montréal a été publiée récemment dans Neural Plasticity.
Parmi les trente participants recrutés, quinze étaient des adeptes de lectures de croissance personnelle.
Vive réaction
Selon les résultats observés, les personnes du groupe qui lisent ces livres, réagissent plus vivement au stress et présentent plus de symptômes de dépression que les autres.
«Est-ce que le lecteur était déprimé ou stressé avant de lire le livre ou est-ce le livre qui a eu ces effets sur lui, on ne le sait pas», explique la spécialiste en neurosciences.
Ces livres qui vous veulent du bien trônent au sommet des palmarès des ouvrages les plus vendus et gagnent en popularité au Québec.
Entre 2014 et 2015, la vente des livres de croissance personnelle a fait un bond de 60 %, selon Gaspard, le système d’information sur les ventes de livres québécois.
«Si ça marchait, les gens devraient être moins stressés et ce n’est pas le cas. Mon hypothèse c’est que ces livres représentent pour eux une façon de s’autodiagnostiquer et de s’autotraiter», avance-t-elle.
Pas nuisibles
Doit-on en conclure que ces ouvrages peuvent être nuisibles à certaines personnes?
«Pas du tout, insiste Mme Lupien. Il y a de bons livres de croissance personnelle, validés scientifiquement, qui vulgarisent et transmettent des connaissances, il faut aider les gens à mieux les repérer», pense-t-elle.
La chercheuse rappelle que la «bibliothérapie», aussi appelée la thérapie par le livre, est une option souvent utilisée par les psychologues en complément à la thérapie.
«Un bon livre de croissance personnelle peut accompagner leur travail, c’est très populaire chez les psychologues cliniciens», conclut-elle.