Chez les Sulpiciens
Vers 1918
Coup d'oeil sur cet article
Sur la place d’Armes, impossible de ne pas remarquer le bâtiment à l’architecture hétéroclite bordant la basilique Notre-Dame. Il s’agit du Vieux-Séminaire des Sulpiciens, seigneurs de l’île de Montréal de 1664 à 1854. Initialement installés rue Saint-Paul, près du marché, les prêtres de Saint-Sulpice souhaitaient se rapprocher de leur église ouverte rue Notre-Dame en 1683. Édifié entre 1684 et 1687, le Vieux-Séminaire servait de manoir seigneurial, de presbytère et de lieu de formation pour les futurs prêtres. La partie la plus ancienne est le corps central, sous l’horloge. En 1710, on a ajouté deux ailes à chaque extrémité et, peu après, un mur bordant la rue. Le tout est en pierre des champs et de calcaire. En 1848, les Sulpiciens ont ordonné la démolition de la bâtisse
datant de la Nouvelle-France pour construire le Grand Séminaire. Cette modernisation, placée sous la direction de l’architecte John Ostell, ne touchera heureusement que l’aile gauche du bâtiment. En cours de restauration, comme son jardin, grâce au gouvernement du Québec, le plus ancien bâtiment de Montréal est toujours habité par des prêtres de Saint-Sulpice en retraite.
Hommes de lettres, les Sulpiciens donnent le goût des arts, de la littérature et de l’histoire aux Montréalais depuis bien longtemps. Vers 1900, les prêtres de Saint-Sulpice voulurent déménager leur cabinet de lecture de la rue Notre-Dame, créé en 1857 à des fins morales et religieuses. Ayant acquis un terrain au 1700, rue Saint-Denis, ils lancèrent un concours d’architecture qu’Eugène Payette remporta. La première bibliothèque publique francophone ouvrit ses portes le 12 septembre 1915 en plein cœur du Quartier latin, où se trouvait l’Université Laval à Montréal (maintenant l’UdeM). D’un style Beaux-Arts aux lignes classiques, les splendides boiseries et vitraux ont impressionné beaucoup d’étudiants! Mais en 1931, faute de fonds, ce lieu ferma ses portes, laissant place au conservatoire de musique. Après l’avoir acquise en 1941 et rouverte en 1944, le gouvernement du Québec a fait de sa collection de 230 000 documents le premier fonds de la nouvelle Bibliothèque nationale du Québec, créée en 1967 dans le même édifice. Cherchant une nouvelle vocation depuis l’ouverture de la Grande Bibliothèque en 2005, le noble bâtiment a échappé in extremis à une vente aux enchères en mai 2015.
Taxi !
Remarquez le poste de taxi Diamond. Cette compagnie fondée en 1922 y aligne ses voitures de marque Plymouth modèle 1941. À l’époque, les chauffeurs de taxi portaient l’uniforme, comme c’était le cas pour plusieurs corps de métier: conducteurs de tramways, camionneurs, pompistes, laitiers et bien d’autres. Née au tournant du 20e siècle avec l’arrivée de l’automobile à Montréal, l’industrie du taxi s’est particulièrement développée dans les années 1920 au centre-ville, le Vieux-Montréal d’aujourd’hui. En 1929, on comptait déjà 1500 taxis actifs dans la métropole! Le rationnement de l’essence durant la Deuxième Guerre mondiale amena la Ville à réduire de moitié l’émission de permis de taxis, n’autorisant que 765 licences. Le gel a été levé durant la période de l’après-guerre afin d’employer les soldats revenus à la vie civile et leur nombre a atteint le chiffre étonnant de 4978 permis en 1952! Au cours des années, ces vétérans laisseront peu à peu leur place, dans les années 1970 et 1980, à des chauffeurs de toutes origines, notamment haïtienne, non sans résistance de la part de certaines compagnies.
Brèves
Vous désirez réagir à ce texte dans nos pages Opinions?
Écrivez-nous une courte lettre de 100 à 250 mots maximum à l'adresse suivante:
Vous pouvez aussi nous écrire en toute confidentialité si vous avez de l'information supplémentaire. Merci.