Un homme déconnecté
Il hésite, il tergiverse, il dit des banalités.
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Mi-figue mi-raisin, Richard Martineau me disait récemment que lui et moi sommes des hommes du 20e siècle, alors que Justin Trudeau est un homme du 21e siècle.
Je comprends ce que Richard voulait dire.
Faites cependant un test autour de vous. Demandez aux gens sur quoi repose au juste la «modernité» de Justin Trudeau.
Invariablement, on vous parlera de choses qui ont rapport avec son image: ses cheveux, la cravate dénouée, son goût pour les selfies, son aisance en public, son allure générale décontractée.
On ne niera pas que le contraste avec Stephen Harper, qui donnait la main à ses enfants en les laissant à l’école, est en effet saisissant.
Réalité
Mais allons au-delà de l’image... si un tel exercice est encore possible pour certains.
Qu’est-ce qu’on doit entendre au juste par «être de son temps»?
Pour moi, un leader politique «de son temps» est quelqu’un qui voit clairement les enjeux du moment, qui comprend ce qui préoccupe vraiment ses concitoyens.
C’est quelqu’un qui prépare l’avenir en livrant les combats d’aujourd’hui, et non les combats d’hier.
Or, quelle est LA priorité du moment? Quel est l’enjeu qui, sans faire disparaître les autres, s’est hissé au premier rang de l’agenda des pays qui comptent?
Désolé, mais l’enjeu le plus pressant, ce n’est ni le réchauffement climatique, indéniable et crucial, ni les finances publiques.
C’est indiscutablement, même si c’est hautement déplaisant, la lutte au terrorisme et la question de notre sécurité.
Au cas où vous ne l’auriez pas remarqué, des gens nous ont déclaré la guerre et tuent des innocents.
Hier, le président Obama s’est solennellement adressé au peuple américain.
L’Allemagne, dont la réticence à participer à des opérations militaires a des causes historiques, engagera six avions Tornado, une frégate et 1200 hommes en Syrie.
La Grande-Bretagne vient de procéder à ses premières frappes en Syrie. Même les petits Pays-Bas, un joueur modeste, se font demander par la France et la Grande-Bretagne de faire leur part.
Le président François Hollande, grandi par l’épreuve, dit que la France sera «implacable», sans renoncer pour autant à ses valeurs.
Dépassé
Pendant ce temps, que fait Justin Trudeau? Il hésite, il tergiverse, il dit des banalités, il soigne son image.
Dans le Discours du trône, un banal et maigrelet passage sur la lutte contre le terrorisme était noyé dans une liste d’épicerie de bons sentiments.
On le sent coincé entre ses engagements électoraux, antérieurs aux attentats de Paris et de San Bernardino, son furieux désir de ne pas devoir faire comme Stephen Harper, et les nouvelles réalités sur le terrain.
Il peut bien cultiver son allure moderne, mais c’est justement une position du passé que d’ânonner des banalités vertueuses sur le rôle moral du Canada dans le monde sans voir que nous sommes rendus ailleurs.
Ses propos pourraient avoir été tenus en 1975 et prononcés par son père, à une époque où le monde était moins dangereux qu’aujourd’hui.
Un homme de son temps, vraiment?
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