/news/consumer
Navigation

Engraisser des larves de mouches pour nourrir les animaux

Des larves de mouches engraissées aux résidus putrescibles pour nourrir les animaux d’élevage.
Photo courtoisie, Top insect Des larves de mouches engraissées aux résidus putrescibles pour nourrir les animaux d’élevage.

Coup d'oeil sur cet article

LA POCATIÈRE - Engraisser des larves de mouches par des résidus d’épicerie pour ensuite les transformer en farine servant à nourrir les animaux d’élevage? En apparence farfelue, ce projet expérimental et unique est mis en branle à La Pocatière.

150 000 $ viennent d’être alloués, par le gouvernement provincial, au Centre de développement bioalimentaire du Québec (CDBQ) pour mener à bien cette expérimentation.

La façon de procéder paraît bien simple : les larves de deux sortes de mouches (domestiques et soldats noirs) seront nourries à partir des résidus d’une épicerie de La Pocatière et des drêches d’une microbrasserie régionale, dont l’identité est à déterminer.

Une fois bien engraissée et protéinée, la production sera transformée en farine destinée à l’alimentation animale (volailles, poissons, bétail, etc.).

Efficace

Toutes proportions gardées, «la conversation des aliments en protéines est plus efficace chez l’insecte que chez un bœuf, par exemple», nous apprend Marie-Pier Aubin, coordonnatrice du secteur agricole au CDBQ.

«Le bœuf a le sang chaud, a besoin d’eau, a des muscles... d’où le côté moins efficace qu’un insecte au sang froid.»

Marie-Pier Aubin, coordonnatrice du secteur agricole au CDBQ, accompagnée du directeur en recherche et développement Charles Lavigne.
Photo collaboration spéciale, Stéphanie Gendron
Marie-Pier Aubin, coordonnatrice du secteur agricole au CDBQ, accompagnée du directeur en recherche et développement Charles Lavigne.

Typiquement, la production de 1 kg d’animal vivant demande 2,5 kg pour les poulets, 5 kg pour les porcs et 10 kg pour les bovins.

Les insectes ont besoin de beaucoup moins d’aliments. Par exemple, la production de 1 kg de grillons vivants ne demande pas plus de 1,7 kg d’aliments, peut-on lire dans un document de l’Organisation des Nations Unies.

Moins cher et plus environnemental

Deux objectifs intéressants seraient atteints si l’expérience fonctionne. Des matières organiques résiduelles sont recyclées plutôt qu’enfouies et l’alimentation des animaux d’élevage se fait à plus faible coût.

«Sachant que c’est une dépense énorme que de nourrir les animaux dans l’industrie, ce peut être très intéressant pour eux», ajoutait madame Aubin.

Sur deux ans

Nos animaux d’élevage ne seront toutefois pas nourris de cette farine issue de larves de mouches avant longtemps. À l’été 2016, dans une salle du Cégep de La Pocatière, les premières unités expérimentales seront nourries.

«Nous évaluerons la multiplication des larves et doseront les mélanges entre les résidus d’épicerie et ceux des microbrasseries», de préciser Marie-Pier Aubin.

L’observation de la réaction des larves en production se fera pendant deux étés. La phase deux prévoit ensuite l’ingestion de la farine par les animaux.

L’industrie intéressée

De façon générale, les producteurs agricoles sont constamment à la recherche d’alternatives pour maintenir ou bonifier la qualité de leurs produits tout en réduisant leurs coûts de production et leur impact sur l’environnement.

«C’est particulièrement vrai dans le secteur de l’élevage, où la nourriture pour les animaux peut représenter entre 30% et 50% des coûts, selon le type de production», d’indiquer Patrice Juneau, conseiller à l’Union des producteurs agricoles.

Le financement du projet provient du programme Innov’Action agroalimentaire, dans le cadre de l’Entente Canada-Québec concernant Cultivons l’avenir 2.

Commentaires

Vous devez être connecté pour commenter. Se connecter

Bienvenue dans la section commentaires! Notre objectif est de créer un espace pour un discours réfléchi et productif. En publiant un commentaire, vous acceptez de vous conformer aux Conditions d'utilisation.