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L’Allier droit

L’Allier droit
Photo d'archives


Il a toujours eu, pour paraphraser Charles de Gaulle, «une certaine idée de sa ville».

Québec non pas comme second violon, mais comme soliste. Une vraie capitale avec un C majuscule.

Belle, fière, altière.

Le goût de la beauté

Jean-Paul L’Allier avait de grandes ambitions, le crayon lourd et le chéquier léger?

Certes. Mais comme dit l’autre, «on n’attire pas les mouches avec du vinaigre».

Il y a des dépenses «somptuaires» qui finissent par payer à long terme.

Bien avant nombre de ses contemporains, le maire L’Allier a compris que la culture et l’urbanisme, dans une ville, ne constituent pas le glaçage sur le gâteau, mais le gâteau lui-même.

Comme l’affirment les bonzes du World Cities Culture Forum, un réseau international faisant la promotion du développement culturel dans les grandes villes: «La culture, sous toutes ses formes, attire les diplômés, donc les entreprises susceptibles de les embaucher.

«Dans l’économie globale de la connaissance, il est essentiel de disposer d’une main-d’œuvre qualifiée. Or, ces travailleurs sont en quête d’un environnement professionnel stimulant et créatif.»

Plus une ville est belle, et plus elle encourage la création, plus elle attire des gens dynamiques, qui brassent des idées.

De tu à vous

Jean-Paul L’Allier a pris une ville que l’on tutoyait et en a fait une ville qu’on avait envie de vouvoyer.

«Le maire L’Allier était un péteux sympathique», a dit André Arthur, sur les ondes de CHOI Radio X, hier.

Hautain, mais attachant.

C’est exactement comme ça que de nombreuses personnes qui ne sont pas de Québec perçoivent la ville.

Orgueilleuse, avec son château, ses remparts et ses grands airs, mais chaleureuse.

Vous vous promenez à Montréal, et vous avez l’impression de déambuler dans un dépotoir à ciel ouvert. Un papier de plus ou de moins par terre, who cares? De toute façon, les poubelles débordent et les rues s’affaissent.

Pourquoi respecterait-on une ville qui ne se respecte même pas elle-même?

Pas à Québec.

Dans la ville de Jean-Paul L’Allier, on s’essuie les pieds avant d’entrer. Et on met ses plus beaux oripeaux quand on se promène sur la Grande Allée.

La chienne à Jacques, c’est pour l’autre extrémité de la 20.

Un grand prince

À côté de Denis Coderre et de Régis Labeaume, les Kid Kodak de la politique municipale, Jean-Paul L’Allier avait l’air d’un grand prince.

Jamais on ne l’aurait imaginé avec une casquette de baseball sur la tête ou une canette de Red Bull dans les mains.

L’homme avait beaucoup trop de classe pour ça.

Ses détracteurs lui reprochaient d’ailleurs sa prétention, sa hauteur. Mais ne fallait-il pas une personne de cette trempe pour faire de Québec ce qu’elle est devenue?

Lorsque Jean-Paul L’Allier se promenait dans Saint-Roch, la laideur du quartier lui faisait mal personnellement. Pour lui, il était inconcevable que sa ville descende si bas.

Résultat: il a pris le quartier à bras le corps et l’a complètement transformé.

Oui, c’est de la «gentrification». Et alors?

Depuis quand est-ce un crime de vouloir embellir sa ville?

«La beauté est une manière de résister au monde», disait l’écrivain Christian Bobin.

En ce sens, monsieur L’Allier était un grand résistant.

 







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