Mystérieux déversement dans un ruisseau à Pointe-Claire
Notre Bureau d’enquête a trouvé un résidu blanc dans un cours d’eau d’un parc industriel
Le Journal a trouvé une étrange mousse blanche flottant à la surface d’un ruisseau qui draine toutes les eaux pluviales du parc industriel de Pointe-Claire.
Les analyses en laboratoire démontrent qu’il s’agit d’un mélange que plusieurs entreprises du secteur sont susceptibles d’utiliser.
Notre Bureau d’enquête a découvert ce déversement par pur hasard le 9 décembre. Avec la Société pour vaincre la pollution (SVP), Le Journal s’était rendu au ruisseau Denis pour vérifier si des BPC en provenance du site Reliance, dans le même secteur, l’avaient contaminé.
Nos échantillons de sédiments n’ont révélé aucune concentration de BPC. Mais notre Bureau d’enquête et la SVP en ont profité pour prélever des échantillons de cette substance, qui avait l’apparence de microbilles grasses.
À notre demande, le laboratoire Exova a ensuite procédé à l’analyse de cette matière, un mélange de stéarate de calcium et de paraffines. Elles sont susceptibles de se retrouver dans les procédés de fabrication de nombreuses entreprises de plusieurs secteurs industriels, présents à Pointe-Claire:
- cosmétiques;
- plastiques;
- produits pharmaceutiques.
«Déversement interdit»
«C’est clairement un déversement interdit», dit Philippe Sabourin, porte-parole à la Ville de Montréal, qui a la responsabilité des interventions d’urgence dans toutes les municipalités de l’Île.
Pour être présente dans le ruisseau Denis, cette matière s’est forcément retrouvée dans le réseau pluvial, dans lequel aucun résidu ne peut être déversé.
«Il y a probablement eu une erreur de production ou de plomberie», dit Nicolas Rodrigue, l’inspecteur municipal qui a reçu le signalement de notre Bureau d’enquête.
Le stéarate et les paraffines, qui se sont ultimement écoulées dans le fleuve Saint-Laurent, ne sont pas toxiques. «Mais comme il s’agit de substances grasses, ça peut peut-être faire suffoquer les poissons ou affecter le plumage des oiseaux», dit Daniel Green, président de la SVP.
Au cours de leur dégradation, elles peuvent aussi contribuer à réduire le taux d’oxygène dans l’eau, d’après lui.
Enquête
«On est en train de regarder qui sont les acheteurs de ces matières dans le secteur», dit Nicolas Rodrigue. La municipalité a aussi réalisé des inspections dans plus d’une vingtaine de cours et à l’intérieur de quatre industries de Pointe-Claire, sans trouver la source du polluant. «Parfois, c’est comme chercher une aiguille dans une botte de foin», déplore l’inspecteur municipal.
Les ruisseaux de Pointe-Claire et Dorval sont régulièrement pollués par diverses substances issues d’activités industrielles ou aéroportuaires qui ont cours dans le secteur.