Collège de Maisonneuve: atelier anti-radicalisation annulé
Moins de 15 parents étaient inscrits à la formation
Coup d'oeil sur cet article
Andrew McIntosh et Hugo Joncas
La direction du Collège de Maisonneuve avait les meilleures intentions, en mai 2015, en offrant aux parents des étudiants un atelier sur la prévention de la radicalisation djihadiste. L’atelier a cependant été annulé «en raison d’un trop petit nombre d’inscriptions».
Moins de 15 parents se sont inscrits à l’atelier offert par le Collège, qui compte plus de 7000 étudiants, selon des documents obtenus en vertu de la Loi sur l’accès à l’information.
L’établissement était alors plongé dans une crise sans précédent: une dizaine de ses étudiants, adolescents et jeunes adultes, avaient quitté ou tenté de quitter le Canada pour rejoindre l’État islamique en Syrie.
UNE TOURNURE SANS PRÉCÉDENT
Les parents ont boudé la conférence du Collège, avec raison selon des experts (voir autre texte).
Les documents révèlent à quel point la gestion de cette crise a été difficile pour la direction de l’établissement.
«Au cours des derniers mois, force est de constater que le phénomène de l’endoctrinement des jeunes a pris une tournure que nous n’aurions pu soupçonner», écrit Malika Habel, directrice générale du Collège, à son personnel le 15 mai, cinq jours après l’arrestation de quatre de ses étudiants, à l’aéroport Montréal-Trudeau, parmi une dizaine de jeunes qui tentaient d’aller rejoindre les djihadistes.
PLAN DE GESTION DE CRISE
Ce qui ressort des 32 pages de documents internes libérés par le Collège, c’est surtout la surprise et la panique provoquées par le fait que certains de ses étudiants soient partis pour faire le djihad.
Le Collège a dû organiser un plan détaillé de gestion de crise. Ce plan comprenait une douzaine d’éléments différents, dont la formation pour les parents.
Les documents montrent que le Collège a aussi formé plus de 180 membres de son personnel pour reconnaître et tenter de prévenir la radicalisation.
On s’inquiétait particulièrement pour des étudiants avec des «zones de fragilité»: des jeunes issus de familles immigrantes qui avaient des difficultés identitaires, une absence de projets personnels, et qui avaient subi discrimination, ostracisme et exclusion, montrent les documents.
PROFS INVITÉS À DÉNONCER
Il y a près d’un an, le Collège de Maisonneuve apprenait de notre Bureau d’enquête que certains de ses étudiants étaient partis pour rejoindre les djihadistes.
Par la suite, les professeurs et le personnel du cégep ont été invités à communiquer leurs éventuels soupçons ou à signaler des situations impliquant des étudiants possiblement en voie de radicalisation, en envoyant un message, anonyme ou non, à une adresse de courriel spéciale.
Pour obtenir ces documents administratifs du Collège, les avocats de notre Bureau d’enquête ont dû déposer une plainte à la Commission d’accès à l’information. La direction du Collège a finalement décidé de les divulguer la semaine dernière.