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Encore plus de décrocheurs dans les universités

Le taux de diplomation est passé de 81,3 % à 79,6 % au cours des 7 dernières années au Québec

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photo d’archives, daniel mallard Même une fois à l’université, les garçons décrochent plus que les filles: 82,9 % des étudiantes inscrites à temps plein au baccalauréat obtiennent leur diplôme, comparativement à 75,4 % pour leurs collègues masculins.

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Le taux de décrochage augmente dans les universités québécoises, a appris Le Journal, alors que le Québec est déjà champion en la matière.

Selon des chiffres du ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur, le taux de diplomation des étudiants inscrits à temps plein au baccalauréat à la session d’automne dans les universités québécoises est passé de 81,3 % à 79,6 % au cours des sept dernières années.

Même si la baisse demeure généralement «très légère», l’économiste Pierre Fortin affirme que la situation est tout de même préoccupante. «Ce qui est inquiétant, c’est que ça ne s’améliore pas. C’est important, cet enjeu-là. Il y a un problème quelque part», affirme-t-il.

La baisse est par ailleurs plus marquée dans certaines universités en région, comme à Rimouski et à Trois-Rivières (-5 %).

Taux de décrochage plus élevé

Depuis des années, le Québec affiche un taux de décrochage universitaire plus élevé que la moyenne canadienne, rappelle M. Fortin, qui s’est intéressé tout particulièrement à la question lors du Sommet sur l’enseignement supérieur, en 2013.

En analysant des données de Statistique Canada, l’économiste en était venu à la conclusion que le taux de décrochage universitaire au Québec est de plus de 30 % (en tenant compte des étudiants à temps partiel, qui sont exclus des chiffres fournis au Journal par le ministère).

« Ça coûte cher »

Dans le reste du Canada, cette proportion est plutôt de 20 %. «Il faut s’en préoccuper, parce que ça coûte cher! lance Pierre Fortin. Tu as des jeunes qui ont commencé quelque chose, qui pourraient réaliser des choses pour la société et pour eux-mêmes et qui arrêtent en cours de route. On perd tout l’investissement qu’on a fait en eux.»

Cet automne, le vice-recteur exécutif de l’Université Laval, Éric Bauce, avait aussi tiré la sonnette l’alarme. Dans cet établissement, le taux de diplomation a chuté de 3,5 % en sept ans. «Ce qui nous préoccupe là-dedans, c’est l’accessibilité au diplôme», avait-il alors affirmé au Journal.

L’entrée à l’université est une première étape, avait-il indiqué, mais encore faut-il y décrocher un diplôme en fin de parcours.


3 hypothèses pour expliquer l’augmentation du phénomène

Difficile d’expliquer pourquoi le taux de décrochage augmente dans les universités québécoises, puisqu’aucune étude n’a été réalisée jusqu’à maintenant pour documenter le phénomène, souligne la Fédération québécoise des professeurs d’université. Voici toutefois quelques hypothèses.

1. Les compressions
 
Selon les chiffres de la Fédération, le réseau universitaire a été privé de 737 millions $ depuis quatre ans. «Les ressources qui sont offertes aux étudiants pour les accompagner dans leur parcours ont diminué», affirme son président, Jean-Marie Lafortune. Une diminution de services peut avoir un impact, particulièrement chez les étudiants de première génération, dont les parents n’ont pas de diplôme universitaire en poche, dit-il.
 
2. Les étudiants au travail
 
Les étudiants universitaires sont de plus en plus nombreux à travailler et le nombre d’heures au boulot est en hausse, souligne M. Lafortune. Le coût de la vie augmente – notamment celui du logement – et la société amène des jeunes à vouloir consommer davantage.  
«Plus le travail devient important et occupe une place centrale dans le trimestre des étudiants, plus il est possible que ce travail les tire en dehors de l’université.»
 
3. Les faibles frais de scolarité
 
Le haut taux de décrochage universitaire au Québec peut s’expliquer en partie par les faibles droits de scolarité, selon l’économiste Pierre Fortin. «Ça ne coûte pas grand-chose, entrer et sortir de l’université», lance celui qui a passé 35 ans dans le milieu universitaire. 
 
À l’Université du Québec à Rimouski (UQAR), François Deschênes, vice-recteur à la formation et à la recherche, ne partage toutefois pas cette analyse. Le coût peu élevé des études universitaires au Québec, comparé aux autres provinces canadiennes, représente plutôt un atout, dit-il. «Notre système donne la chance au coureur. Il y a un choix de société derrière ça.»
 

Plus haut taux de diplomation

  • HEC Montréal : 92,1%
  • Uuniversité McGill : 88,7%

Plus bas taux de diplomation

  • Université Concordia : 71,8%
  • Université du Québec à Chicoutimi : 72,4%

Taux de diplomation pour l’ensemble des universités québécoises*

 
 
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