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Les grands patrons échappent à l'austérité

Ils sont plus nombreux que jamais dans les universités québécoises

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Photo Le Journal de Québec, Daniel Mallard Depuis 10 ans, le nombre d’étudiants dans les universités québécoises a augmenté de 13 %. Au cours de la même période, la hausse a été de 71 % dans les rangs des hauts dirigeants.

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Depuis 10 ans, le nombre de hauts dirigeants a presque doublé dans les universités québécoises, a appris Le Journal.

En 2004, le réseau universitaire québécois comptait 87 hauts dirigeants. En 2015, ce chiffre a grimpé à 149, selon une compilation réalisée par la Fédération québécoise des professeurs d’université.

«On est préoccupé. Pourquoi cette enflure administrative?» lance son président, Jean-Marie Lafortune.

Selon Yves Gingras, professeur à l’UQÀM qui s’intéresse à la gouvernance universitaire, cette augmentation peut s’expliquer par le fait que les universités sont de plus en plus gérées comme des entreprises, de façon centralisée. «Ce n’est pas étonnant», lance-t-il.

Michel Nadeau, directeur général de l’Institut sur la gouvernance d’organisations privées et publiques, souligne au contraire que, dans le secteur privé, «on essaie de réduire le plus possible le nombre de cadres pour rapprocher les gestionnaires du terrain». Il s’explique difficilement cette hausse.

Pas d’austérité pour les dirigeants

Cette hausse soulève encore plus de questions dans le contexte des compressions budgétaires, ajoute Jean-Marie Lafortune, alors que les ressources diminuent, tout comme le financement à gérer.

Depuis quatre ans, le réseau universitaire a été amputé de 737 millions de dollars, toujours selon les calculs de la Fédération. Il y a eu des pertes d’emploi parmi le personnel de soutien et des postes sont vacants dans les rangs des professeurs.

«Tout le monde est touché par l’austérité, sauf la haute direction. Ça pose un problème encore plus crucial», affirme M. Lafortune.

Trop de rapports inutiles

Le ministère de l’Enseignement supérieur, qui oblige les universités à produire des milliers de pages de rapports chaque année, est aussi à blâmer pour cette hausse, ajoute le président de la Fédération.

«Les universités nous disent qu’elles n’ont pas le choix parce que le ministère leur demande une reddition de comptes tellement volumineuse qu’elles ont dû accroître le nombre de personnes aux directions pour produire ces rapports», explique-t-il.

Il a par ailleurs été impossible hier d’obtenir davantage d’explications provenant du réseau universitaire, plusieurs établissements ayant refusé les demandes d’entrevue à ce sujet.

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