Les employés rongés par l’inquiétude
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«Le moral est bas. On attend de voir ce qui va se passer», lâche François D’amours, le regard nerveux. Cet employé de Bombardier âgé de 40 ans travaille dans le contrôle qualité sur le site de Saint-Laurent. Malgré ses 15 ans d’ancienneté, ce père de quatre enfants dit craindre pour son emploi.
«Les employés sont tous en état de panique. Les gens sont très inquiets sur le plancher. Ils ne savent pas s’ils seront remerciés ou non», observe David Chartrand, représentant syndical.
«Je trouve ça un peu raide [comme annonce]», déplore M. Chartrand, qui se dit incapable de réconforter les employés avec le peu d’information qu’il possède sur la suite des choses.
Suspense
Le Journal a tenté d’interroger une soixantaine d’employés à la sortie de leur quart de travail mercredi. La mine basse, faisant ballotter leur boîte à lunch au bout de leur main, presque personne n’a voulu témoigner à visage découvert.
Plusieurs d’entre eux ont même dit au Journal que leur employeur leur avait ordonné de ne pas parler aux médias.
«Si je perdais mon emploi, ce serait tough. Il n’y a rien d’autre dans le domaine de l’aviation en ce moment», soupire un employé du soutien à la clientèle rencontré sur le site de Dorval.
Pas d’autres options
Si certains sont plus confiants que d’autres de garder leur emploi, la plupart craignent que l’industrie ne se porte pas aussi bien qu’on le voudrait.
«J’ai peur à plus long terme. À part pour le CSeries, on n’a pas de commandes avec les autres avions», angoisse une employée qui cumule 18 ans d’ancienneté.
«Même s’ils sont épargnés cette fois-ci, plusieurs vont se demander ce sera quand la prochaine fois?» abonde M. Chartrand.
Même les ingénieurs et autres travailleurs qui œuvrent en recherche et développement auront selon lui de la difficulté à se replacer. «Je ne connais pas beaucoup d’entreprises québécoises qui font du développement aéronautique de l’envergure de Bombardier.»