Éducation : dilution ou consolidation d’actifs?
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Dans la foulée du projet de loi 86, traitant de la gouvernance des institutions scolaires, Égide Royer ravivait la proposition de la création d’un institut national de l’Éducation pour fournir aux différents milieux des données probantes sur les meilleures pratiques.
L’idée d’un institut national a été principalement développée par les universitaires et par quelques consultants externes en réaction à un appareil ministériel qui jouait inadéquatement son rôle selon eux. Bien que séduisante, l’idée a fait long feu jusqu’à présent et il serait surprenant qu’elle puisse se développer dans le cafouillis actuel.
Critiquant l’inclinaison des professionnels et cadres du ministère à privilégier une philosophie de l’éducation et un courant pédagogique, ces universitaires ont la prétention qu’un institut s’appuierait sur de meilleures assises scientifiques. C’est un souhait vertueux, mais ils font trop rapidement abstraction de leurs propres chicanes philosophiques et pédagogiques, ainsi que des difficultés rencontrées pour se mettre eux-mêmes en réseau. J’en ai d’ailleurs été témoin à titre d’administrateur du Centre de transfert sur la réussite éducative.
Le Québec ne manque pas d’instances en tous les genres pour tenter d’éclairer ses différents acteurs au sein du système d’éducation, mais il n’est pas encore arrivé à faciliter ce transfert de connaissances vers les milieux éducatifs.
Nous disposons d’un ministère extrêmement bien pourvu en ressources professionnelles, d’un Conseil supérieur de l’Éducation, de multiples réseaux de chercheurs, d’un centre de recherche dédié à la réussite éducative (CRIRES) ainsi que son pendant en matière de transfert (CTREQ) et d’un nombre impressionnant d’organismes nés en parallèle de nos réseaux pour favoriser les bonnes pratiques.
Tous ces savants armés de bonnes intentions se butent toutefois au manque de moyens matériels et humains dans nos milieux éducatifs, ainsi qu’au débordement de celles et ceux qui font l’école quotidiennement.
Même si le ministre donnait suite aux doléances de ces universitaires et de quelques éditorialistes séduits par l’idée d’un institut national, il ne ferait qu’en rajouter une couche supplémentaire dans le dédale structurel auquel sont confrontés les praticiens.
Sans plus de réflexion et de planification, l’ajout de cette nouvelle structure deviendrait très vite un nouvel embarras qui diluerait les efforts actuels en les rendant encore moins efficaces.
Le ministre devrait au contraire s’interroger sur ce qu’il devrait faire pour consolider ces outils actuels avant de s’en donner d’autres qui viendraient l’embarrasser, faut d’avoir préparer la place pour les accueillir.
Oui au probant, non aux embarras!