Une manifestation contre la brutalité policière dérape
Des vitrines ont été fracassées et plusieurs feux ont été allumés lors d’un rassemblement mouvementé
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Voitures en flammes, vitrines brisées et vandalisme: des manifestants ont pris d’assaut un poste de police de Montréal-Nord, ainsi que plusieurs rues du quartier hier soir.
La manifestation avait pourtant commencé dans le plus grand calme. Des centaines de protestataires ont pris la rue vers 20 h pour dénoncer la «brutalité et l’impunité policières» dont aurait été victime Jean-Pierre Bony, décédé plus tôt cette semaine.
Le quadragénaire a été atteint par une balle de plastique à la tête tirée par un policier lors d’une intervention à Montréal-Nord. Selon nos informations, c’est l’impact de ce projectile qui est à l’origine du décès de Bony.
Si la colère des protestataires était palpable d’emblée, ce n’est qu’après que le plus gros des manifestants eut quitté les lieux que les choses ont dégénéré. Il ne restait alors qu’un noyau dur d’une soixantaine de personnes sur place.
Les casseurs s’en sont d’abord pris à plusieurs commerces situés près du poste de police du boulevard Henri-Bourassa.
Ils ont ensuite pris d’assaut le poste lui-même. Ils en ont fracassé les vitres. Des graffitis ont été peints sur les murs du poste.
Ils ont allumé un feu dans la succursale de la Banque BMO non loin. Les vitrines d’autres commerces ont également été fracassées. Au total, de cinq à six commerces ont été la cible des vandales, selon le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM).
Là où Bony est mort
Les casseurs se sont dirigés vers l’endroit où Bony est décédé, rue Arthur-Chevrier. Sur cette rue, ces derniers ont tout brûlé sur leur passage.
Trois voitures ont été calcinées. Des poubelles ont été incendiées en pleine rue. Plusieurs bruits d’explosions ont été entendus dans le secteur. Les vitres de plusieurs autres voitures ont été brisées.
La police antiémeute est intervenue après une vingtaine de minutes de casse près du poste de police.
Au moment de mettre sous presse, l’intervention policière était toujours en cours. Aucune arrestation n’avait encore été faite. Les policiers et pompiers s’affairaient dans le secteur.
Les forces de l’ordre soupçonnent fortement que ces casseurs ont infiltré la manifestation pacifique en cours de route, a précisé Ian Lafrenière, porte-parole du SPVM.
Fredy Villanueva
La scène n’est pas sans rappeler les émeutes de 2008 déclenchées au lendemain de la mort de Fredy Villaneuva, ce jeune homme de 18 ans abattu par la police dans le parc Henri-Bourassa.
D’ailleurs, des centaines de personnes se sont rassemblées plus tôt en soirée hier au parc Henri-Bourassa dans le calme pour une vigile en l’honneur du jeune Fredy qui aurait eu 26 ans cette année.
Son frère, Dany Villanueva, a été arrêté dans la rafle pendant laquelle Bony a perdu la vie.
Voici quelques faits saillants illustrant le déroulement de la soirée d’hier, au cours de laquelle des commerces et des voitures ont été vandalisés.
Priorité: dispersion
L’absence d’arrestation n’a pas manqué d’étonner plusieurs témoins des scènes de vandalisme et de casse.
«Notre priorité pour l’instant, c’est vraiment la dispersion, a expliqué Ian Lafrenière. Il n’est pas impossible que des arrestations aient lieu plus tard», a-t-il ajouté avant de préciser que des caméras de surveillance se trouvaient sur les lieux des événements.
Infiltration des casseurs?
La SVPM soupçonne que les «trouble-fête» ne faisaient pas partie des participants de la manifestation d’origine, qui s’est déroulée pacifiquement. «Ça se passait vraiment bien, puis tout d’un coup, ce n’était plus le même monde», a noté le commandant Ian Lafrenière.
Pas de blessé
Vers 23 h 30, le SPVM ne rapportait aucun blessé.