Le paradis
J’attendais le bon moment pour y aller. J’ai bien fait d’attendre, car le chef et son équipe proposent en ce moment leur troisième menu depuis l’ouverture. Une dégustation des plus abouties qu’il m’ait été donné de goûter à Montréal, depuis de nombreuses années.
Antonin Mousseau-Rivard est un être à part, un iconoclaste de la cuisine figée. Avec son look atypique, sa barbe de prophète, sa casquette de rappeur, son t-shirt Adidas et ses gougounes de mon oncle Marcel, l’homme ne laisse personne indifférent. Et personnellement, j’adore! Mais voilà, derrière cette apparence qui peut surprendre dans l’univers des chefs parfois empesés, se cache un formidable penseur culinaire, un artiste, un vrai.
Style de restaurant
Il n’y a pas de carte, pas de menu, mais une aventure en sept services proposée à 60 $ par personne, avec la possibilité d’y ajouter des bonifications comme le crabe, les pièces de bœuf vieilli, les truffes fraîches pour agrémenter le coquelet que l’on râpe devant vous. Bref, le bonheur à un prix, c’est vrai, mais celui du Mousso, je vous le dis, est le prix du paradis!
Décor
Le métal brossé et le bois dominent et séparent judicieusement les différents espaces et paliers. Un bar pour s’y accoler. Nous avons eu la chance de nous installer sur un comptoir légèrement surélevé, donnant vue sur la cuisine au sous-sol.
Ambiance
Magistrale! Je m’amusais à regarder le visage des clients épatés, heureux de savourer les petites, délectables et esthétiques interprétations du chef Antonin. Le bonheur est contagieux!
Clientèle
Là encore, la surprise m’enchante au plus haut point. Des jeunes gens à la pelle, je veux dire, des 25-35 ans. C’est dans ces moments-là que je me dis que l’avenir est prometteur, que l’audace paye parfois. Et de voir, une clientèle de la relève, si je puis dire, être au rendez-vous a quelque chose de très rassurant. Bref, pour tout le monde et c’est bien ainsi.
Le repas
Amuse-bouche sous flamme, il faut voir. Trois interprétations marines et charbon. Oui oui, de la poudre de charbon et d’amande. Caviar, ail noir, tout marche. Ça part fort! On est déjà dans son monde et on n’en sortira pas jusqu’à la dernière bouchée du repas. Pétoncles et radis chinois. Le radis, cuisiné à la perfection, est une explosion de saveurs. On jubile! Le pétoncle, saisi, coupé en tranches est rehaussé par des petites fleurs, accentuant la sensation.
Omble cuit à basse température, presque confit, agrémenté de poudre de betterave et des petites quenelles aux saveurs différentes... Betteraves, oignons caramélisés (magique) et œufs de truite, délicat. Tout se place, tout se conjugue, tout fonctionne à merveille! Le crabe, maintenant, que dire, sinon que celui-ci est d’une fraîcheur incroyable, cuit le midi, décortiqué l’après-midi et dégusté le soir. L’association avec les fines tranches de fraises vertes est une folie. J’en veux encore!... N’oubliez pas de demander le pain, il est fait maison. Incroyable, on dirait que James MacGuire est là.
Coquelet, fines tranches de champignons, d’une rare délicatesse. Ce crumble de peau de poulet qui l’accompagne est formidable. Tataki de filet d’agneau, tendre comme une caresse. Et deux desserts fabuleux pour conclure.
Le service
Les serveurs connaissent le menu et peuvent vous donner des explications supplémentaires. N’hésitez pas!
Carte des vins
Pas de carte des vins, mais des flacons annoncés de vive voix. Que ce soit pour l’accord du menu dégustation ou juste pour quelques verres, demandez.
Le mousso
★★★★★
Coup de toque
J’ai dégusté un des meilleurs repas au restaurant à Montréal en 10 ans de critique pour Le Journal. Il faut avoir l’esprit ouvert et l’âme joyeuse, ça aide à comprendre.
Coup de torchon
Je sais qu’Antonin est sur le fil du rasoir. Il est facile de se laisser tenter par le chant des sirènes du sensationnel culinaire... Surtout pas chef! Restez focus, restez toujours sur ce fil d’Ariane qui nous mène tout droit au paradis de la gourmandise.
Combien ça coûte ?
3 fois plus cher pour la même chose en Europe et aux États-Unis.
L’adresse