Démission de PKP: la classe politique sous le choc
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QUÉBEC | Le départ aussi soudain qu’inattendu de Pierre Karl Péladeau a semé la consternation au sein de la classe politique lundi, en particulier chez les souverainistes.
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L’ancienne première ministre et chef du Parti québécois (PQ), Pauline Marois, s’est dite «profondément bouleversée, émue et attristée» par la démission de son successeur à la tête de la formation souverainiste. Elle a ajouté qu’elle respectait le choix de M. Péladeau, basé sur des raisons familiales.
«On m’a souvent posé la question: “Si vous aviez un jour à faire un choix”, et quant à moi, j’ai toujours répondu la même chose: entre ma vie de famille [et] ma vie politique, je choisirais ma vie de famille, car c’est elle qui [...] me donnait l’équilibre nécessaire pour assumer ensuite la tâche publique qui est tellement exigeante à cet égard», a expliqué Mme Marois sur les ondes de LCN.
L’ancien chef du Bloc québécois Gilles Duceppe, un ami personnel de M. Péladeau, a abondé dans le même sens.
«J’ai beaucoup de solidarité envers lui. C’est quelqu’un qui avait un rêve, qui a toujours ce rêve, j’en suis convaincu, de faire du Québec un pays, mais qui, devant le choix entre la famille et les tâches que ça impose être un chef de parti, a dit: “C’est la famille”, et on doit respecter ça», a-t-il affirmé à LCN.
Selon M. Duceppe, Pierre Karl Péladeau, «qui n’a pas eu une jeunesse facile», ne voulait pas que ses enfants passent à travers les mêmes épreuves qu’il a affrontées.
L’ancien premier ministre Bernard Landry avoue pour sa part ne rien avoir vu venir, et ce, même s’il parlait souvent avec Pierre Karl Péladeau.
«On parlait politique, on ne parlait pas de famille», a-t-il dit.
Selon lui, la démission du chef péquiste, qui n’était pas particulièrement reconnu pour ses prises de position progressistes, risque de simplifier la convergence avec Québec solidaire.
«C’est un coup dur pour lui, pour le parti... [mais] des fois, du malheur surgit le bonheur, alors, ça peut finir pas si mal», a analysé M. Landry.
De son côté, Pascal Bérubé, le premier député à avoir appuyé Pierre Karl Péladeau dans la course à la direction du PQ, a dit ressentir de la peine pour son ami.
«J’étais son organisateur en chef, je l’aime beaucoup, je suis très près de lui, et aujourd’hui, ce qu’on réalise, c’est que la politique, c’est difficile pour la vie personnelle. Il y a beaucoup de renoncement à faire, de sacrifices», a réagi le député de Matane.
Péladeau salué par ses adversaires
Les adversaires politiques de M. Péladeau ont mis la partisanerie de côté, lundi, pour souligner sa contribution à la vie politique, à commencer par le premier ministre, Philippe Couillard.
«Nous ne partagions pas la même vision de l'avenir du Québec [mais] au-delà de cette différence, je sais qu’il était [...] profondément animé par la volonté de faire progresser notre nation vers un avenir meilleur, a réagi M. Couillard. Je lui souhaite tout le bonheur possible et le remercie sincèrement pour sa contribution à notre démocratie.»
Un homme dévoué, selon Legault
Le chef de la Coalition avenir Québec, François Legault, a tenu à remercier Pierre Karl Péladeau pour «son engagement et son dévouement envers les Québécois».
«Malgré nos opinions divergentes, ça prend beaucoup de courage de débattre de ses convictions sur la place publique. Il a servi le Québec avec sincérité et dévouement. C’est tout à son honneur. Bonne chance pour la suite des choses, Pierre Karl», a déclaré M. Legault par voie de communiqué.
Le chef du deuxième groupe d’opposition a dit comprendre lui aussi le choix de M. Péladeau de faire passer sa famille avant la politique.
«Comme père de famille, je suis personnellement touché par le choix exprimé par Pierre Karl. Je comprends son choix. La famille doit toujours être notre priorité. C’est ce qu’il y a de plus important après tout et je lui souhaite de tout cœur de retrouver ses proches qu’il aime tant», a dit François Legault.
Un «authentique souverainiste»
La porte-parole parlementaire de Québec solidaire, Françoise David, a avoué avoir été «sous le choc» en apprenant la démission de M. Péladeau. Même si elle a souvent critiqué les orientations et le passé antisyndicaliste de son adversaire, la députée de Gouin a tenu à vanter ses convictions souverainistes.
«M. Péladeau est un authentique souverainiste. Tout le monde le sait, j’ai eu plein de désaccords avec lui, mais ça ne m’empêche pas de penser sincèrement qu’il croit en ce pays du Québec», a-t-elle dit.
«Aujourd’hui, et par respect pour cette personne humaine qu’est M. Péladeau, je ne commenterai pas plus avant politiquement sa décision», a ajouté Mme David.