À l’université grâce à Allô prof
La jeune femme était la seule à parler français à la maison et avait besoin d’aide pour ses devoirs
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Née de parents immigrants qui ne parlaient ni français ni anglais, une jeune Québécoise doit en grande partie sa réussite scolaire aux coups de main apportés par Allô prof, qui a aidé plus d’un million d’élèves comme elle depuis 20 ans.
«Je voulais apprendre et mes parents ne pouvaient pas m’aider, alors j’ai trouvé du soutien avec Allô prof et ça m’a permis de réussir mes études. Cet organisme a sa raison d’être, j’en suis la preuve», lance fièrement Irene Mazumder. La jeune femme commencera l’université en septembre et souhaite devenir physiothérapeute.
Depuis sa création, Allô prof a permis à de nombreux élèves de réussir leurs examens, de terminer leur secondaire, d’apprendre le français, d’affronter l’intimidation et même de se trouver une carrière.
À travers ces époques, l’organisme qui célèbre ses 20 ans de service s’est construit une importante crédibilité, devenant parfois la seule ressource en matière d’aide aux devoirs.
Irene Mazumder, qui ne pouvait compter sur ses parents, originaires du Bangladesh, car ils étaient tous deux allophones, a eu recours aux services d’Allô prof.
«Au primaire, je devais me débrouiller seule à la maison avec mes devoirs et je traduisais en bengali les messages écrits par mes professeurs à mes parents», se souvient la jeune femme âgée de 25 ans qui a étudié dans des écoles publiques françaises d’Hochelaga-Maisonneuve.
Et ils sont nombreux dans sa situation. Sur 45 000 immigrants, au moins 40 % ne connaissent pas le français à leur arrivée au Québec, selon le rapport annuel d’Allô prof.
«Ils sont surreprésentés et c’est une clientèle qui est adepte de nos services, note la directrice générale de l’organisme, Sandrine Faust. Des parents qui ont étudié au Québec ont parfois de la difficulté à aider leurs enfants avec leurs devoirs; imaginez ceux qui ne parlent pas le français.»
Parents dévoués
D’ailleurs, pour pallier ce manque et aider leur fille dans ses études, les parents d’Irene lui ont payé des tuteurs après les cours et Allô prof est devenu la référence à l’heure des devoirs.
«Je sais encore par cœur leur numéro, lance-t-elle en riant. Je pouvais les appeler facilement trois ou quatre fois par semaine. Même ma mère se souvient encore de mes soirées passées avec eux au bout du fil.»
L’une de ses sœurs lui a emboîté le pas. «Elle m’a dit qu’elle avait réussi un cours grâce à Allô prof. C’est de famille, on dirait», conclut-elle.
Allô prof en chiffres
- 98% des élèves se sentent meilleurs à l’école après avoir utilisé les services d’Allô prof
- 57% des questions posées à Allô prof concernent les mathématiques
- De 2013 à 2015, 13 600 demandes d’aide par texto ont été traitées par les enseignants
- Environ 40 enseignants répondent aux questions chaque soir
- En 2015, Allô prof a répondu à 12,4 millions de requêtes
- 67% des demandes d’aide proviennent d’élèves du secondaire
- Services offerts: Téléphone, cyberclasse, forums, jeux, bibliothèque virtuelle et textos
- En 2014-2015, 757 000 visionnements ont été comptabilisés sur la chaîne YouTube hébergeant les 200 vidéos pédagogiques
De 60 % en mathématiques à... 100 % !
Une jeune fille de 11 ans qui a vu chuter ses notes en mathématiques en début d’année scolaire a réussi une impressionnante remontée en s’amusant à répondre aux jeux-questionnaires du site d’Allô prof.
«Mon dernier examen de révision, j’ai eu 100 %, lance Océanne Brisson avec un grand sourire. Je suis très contente des efforts que j’ai faits.»
En plus de réviser à la maison, la jeune fille de 5e année qui rêve de devenir anthropologue judiciaire a intégré dans sa routine de devoirs la zone jeux d’Allô prof.
Elle s’amuse à répondre aux questions de résolution de problèmes et aux tables de multiplication.
Dans l’un des jeux, Océanne fait exploser des météorites avant qu’elles ne détruisent la Terre. C’est grâce à ses bonnes réponses qu’elle sauve la planète et peut passer au niveau suivant.
«Ça m’a beaucoup aidée à réviser, soutient Océanne avec aplomb. C’est bien, car on joue et on apprend en même temps. J’y vais environ une fois par jour.»
Sa bête noire
En début d’année scolaire, la jeune fille qui étudie à l’école Entramis de Repentigny avait perdu confiance en elle, selon ses parents. Les nouvelles notions de mathématiques ont été difficiles à comprendre pour Océanne.
«Ma fille a toujours été très bonne à l’école, souligne sa mère, Mélanie Francœur. Ce fut donc un choc lorsqu’elle est arrivée avec 66 % en mathématiques en septembre. Nous n’étions pas habitués.»
Ses parents ont alors redoublé d’efforts pour aider leur fille avec les tables de multiplication, la bête noire d’Océanne.
«Son père la fait réviser et on a toujours des plans de travail en voiture, par exemple», explique Mme Francœur, qui est très fière de sa fille. Et avec raison, car elle offre aussi de l’aide aux devoirs dans sa propre école.
Les parents d’Océanne ont tous deux étudié en enseignement et avouent que la matière a bien changé depuis la fin de leurs études.
«Des fois, on est perdus et on a un bac en enseignement, lance en riant Mme Francœur. Je comprends les parents qui ont besoin d’un service comme Allô prof pour les aider.»
Conflit
D’ailleurs, la période de devoirs est parfois source de conflit chez la mère et la fille. C’est le père d’Océanne qui vient alors à la rescousse.
«Papa comprend plus les nouvelles formules en maths, tandis que maman essaie de me faire comprendre ses anciennes méthodes», explique la jeune fille.
Cette situation est chose courante dans plusieurs familles, selon la directrice générale d’Allô prof, Sandrine Faust.
«L’adulte est largué, il ne sait plus quoi faire ou comment vulgariser la matière sans donner la réponse, relate-t-elle. Le parent tente de l’expliquer comme il l’a apprise, mais parfois ça mélange le jeune. Et la grande majorité du temps, c’est l’enfant qui a raison.»
D’AUTRES CAS DE RÉUSSITE

Finir son primaire à l’âge adulte
Jacques ne savait ni lire ni écrire. Il est retourné sur les bancs d’école à l’âge adulte à temps partiel. «Il partait deux pas en arrière», se souvient Marc-Antoine Tanguay, directeur des communications chez Allô prof. D’ailleurs, tous les enseignants de l’organisme se souviennent de «Jacques, l’homme persévérant». Pour s’aider dans son cheminement, il envoyait même une clé USB à Allô prof avec la matière qu’il devait étudier. Il téléphonait chaque jour pour s’assurer d’avoir bien compris. Après plusieurs années de travail, Jacques a réussi son primaire. Il étudie maintenant pour finir son secondaire. L’organisme n’a pas eu de ses nouvelles dans les derniers mois.
Se découvrir une passion
Un ado doué en maths qui s'est découvert une passion en passant ses soirées sur le forum d'Allô prof et a aidé plus de 1500 élèves dans cette matière tant redoutée, il y a 10 ans, est finalement devenu enseignant. «Allô prof a forgé une grande partie de ce que je suis comme prof, confie Dominik Fugère, qui enseigne maintenant les mathématiques au Cégep de Joliette. J’étais l’un des rares à avoir un emploi dans le domaine de l’enseignement en première année de bac.» M. Fugère avoue qu’au secondaire, il préférait les maths aux jeux vidéo ou aux sports.
Pour en finir avec l’intimidation
Un jeune garçon victime d’intimidation à l’école a un jour envoyé une longue lettre à Allô prof. «Il a écrit que nous étions importants pour lui parce qu’on lui a redonné confiance dans sa capacité à passer au travers de son parcours difficile à l’école», se souvient, ému, Marc-Antoine Tanguay, directeur des communications. Le jeune garçon a terminé haut la main son secondaire.