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Le fisc double sa facture pour un an de retard

Marc Hervieux conteste des pénalités de 120 000 $ pour ses impôts de 2014

ART-VIRTUOSE
Le chanteur d’opéra bien connu Marc Hervieux trouve exagérées les pénalités que lui impose Revenu Québec pour ses impôts de 2014 envoyés un an en retard. Photo d'archives


Le chanteur Marc Hervieux est en guerre contre Revenu Québec, qui lui réclame plus de 240 000 $ pour une déclaration d’impôt remise en retard en 2014.

«Ils peuvent faire ce qu’ils veulent. C’est eux qui ont le gros bout du bâton», dénonce le populaire artiste lyrique, très amer, en entrevue avec notre Bureau d’enquête.

Il conteste les frais d’environ 120 000 $ que le fisc lui réclame, selon lui, pour avoir tardé à payer ses impôts de l’année 2014. Une somme qui s’ajoute à un montant à peu près équivalent qu’il doit en impôts.

«Je ne comprends pas qu’on mette des pénalités comme ça», dit-il.

Ce combat est en train de l’épuiser moralement. «Ça prend une très grande force pour traverser tout ça. C’est exigeant».

Mais il continue de se battre. «Il y a bien des citoyens qui tireraient la plogue, ajoute-t-il. Mon propre comptable m’a suggéré de faire faillite. Moi je ne me cache pas. Je vais régler mes affaires.»

Il estime que les bureaucrates du fisc sont en mission. «Je leur ai dit que j’allais les payer [cette semaine], mais je ne vais pas laisser ça comme ça, dit-il. C’est sûr que je vais continuer à me battre et à contester. C’est vraiment un abus. Ça n’a pas de bon sens la façon que ça fonctionne».

Revenu Québec ne nous a pas rappelés, hier.

M. Hervieux étudierait avec ses proches la possibilité d’engager des recours contre le fisc.

Hypothèque légale

L’Agence du revenu du Québec (ARQ) a émis il y a une semaine une hypothèque légale de 241 539,68 $ sur la propriété du ténor québécois, dans les Laurentides.

«Ça devait être réglé. J’ai parlé à la préposée de Revenu Québec. J’en reviens pas [qu’il y ait une hypothèque légale]. J’imagine qu’elle ne m’a pas cru», a-t-il dit, soufflé, lorsque nous l’avons contacté.

Le fisc invoque dans un document légal l’article 2724 du Code civil selon lequel «les créances de l’État pour les sommes dues en vertu des lois fiscales (...) peuvent donner lieu à une hypothèque légale».

Selon le chanteur natif d’Hochelaga-Maisonneuve, la moitié de la somme due est uniquement composée de pénalités et d’intérêts.

«Comme toujours, ce que demandent Revenu Québec et Revenu Canada, ça n’a rien à voir», dit-il.

Changements de compagnie

En entrevue, Marc Hervieux a dit que c’est un changement de compagnie qui aurait fait que sa déclaration de 2014 «a tardé» à être remise aux autorités. Sur Facebook hier soir, il a toutefois évoqué une séparation de couple à titre d’explication. Il aurait remis sa déclaration environ un an après la date limite, selon lui.

Marc Hervieux dit qu’il savait très bien qu’en remettant en retard sa déclaration, il allait compliquer ses affaires. Il avoue par contre que «ça les a compliquées pas mal plus que je pensais».

Proie facile

«Moi je suis de bonne volonté. Je leur offre de payer 100 cennes dans la piasse. Mais je vais pas payer ce que je dois pas, dit-il.

«Je paye en moyenne 30 000 $ en TPS/TVQ par trimestre. On dirait que ça devient de la jalousie à un moment», dit-il.

Selon le chanteur, Revenu Québec préfère attaquer les gens honnêtes qui ont la plupart de leurs actifs au Québec.

«Je ne suis pas dans les Panama Papers. J’ai pas de compte offshore. C’est facile d’aller contre moi. Je suis peut-être un peu nono».

«Tu veux pas crosser le système, mais quand tu vois tout ce qui se passe, il y a des gens qui n’ont fait que ça des magouilles. C’est sûr qu’on devient cynique», conclut-il.

 

Comme Normand Laprise ?

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Normand Laprise. Restaurateur Photo Le Journal de Montréal, Chantal Poirier

 

Marc Hervieux dit tracer des parallèles entre son dossier et celui du restaurateur Normand Laprise, propriétaire du restaurant Toqué!.

Le réputé restaurateur, récipiendaire de l’Ordre du Canada, a vécu un cauchemar avec Revenu Québec l’an passé avec le Bistro Cocagne de la rue Saint-Denis, dont il était actionnaire au tiers.

Compliqué

«C’est presque impossible de comprendre leur démarche. À aucun moment, j’ai senti que je pouvais m’adresser à un humain», disait Normand Laprise, ajoutant s’être senti considéré coupable par le fisc jusqu’à preuve du contraire.

Dans le cas de Laprise, Revenu Québec a fini par ramener à zéro des cotisations de 190 556 $.

«Y en a combien qui ont payé même s’ils ne devaient rien?», reprend Marc Hervieux.

«Ça fait très longtemps que c’est un cauchemar pour moi.»

«Quelqu’un qui n’a pas cette force de caractère, tu te jettes en bas du pont» , dit-il.


 

 

 

 







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