Un bon premier ministre
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Stephen Harper avait dit ce qu’il ferait et il a fait ce qu’il avait dit. C’est si rare en politique que c’est le plus bel hommage que je peux rendre à l’ex-premier ministre conservateur «sur son départ».
M. Harper a laissé une maison en ordre. Son gouvernement était revenu à l’équilibre budgétaire.
Il a réduit la taille de l’État, assaini les finances publiques et diminué l’interventionnisme étatique. Il a misé d’abord sur les forces du marché pour le développement économique. Le Canada a mieux traversé les périodes de perturbations économiques que la plupart des autres puissances dans le monde.
Relations avec les provinces
M. Harper s’était engagé à respecter les juridictions des provinces. Dans l’ensemble, il a tenu parole.
Les premiers ministres des provinces se sont toutefois plaints qu’il ne les ait pas convoqués pour discuter des orientations nationales et qu’il n’ait pas participé au Conseil de la Confédération. Il se mettait ainsi à l’abri de leurs perpétuelles réclamations.
Le Québec
Massivement, les Québécois ne l’aimaient pas. De nombreux pseudo-intellectuels le méprisaient même pour sa philosophie de droite. Nous devons tous par contre le féliciter pour son usage du français au début de chacun de ses discours, à l’étranger comme au Canada.
Mieux accueilli à Québec qu’ailleurs dans la province, il a développé une relation particulière avec la Capitale, sans pourtant participer au financement du nouvel amphithéâtre. Il ne mêlait pas les cartes!
Justice
Stephen Harper a reconnu son erreur d’avoir nommé des juges unilingues anglophones à la Cour suprême.
Son gouvernement a modifié le Code criminel pour punir plus sévèrement les auteurs de crimes les plus graves, allonger les peines en général et resserrer les libérations conditionnelles.
Il a aboli le registre des armes de chasse, ce qui a été vivement dénoncé au Québec.
Il s’est aussi attaqué avec force au terrorisme.
Il a sagement écarté les déchirants débats moraux sur l’avortement et la peine de mort.
Environnement et politique étrangère
Stephen Harper s’est également mis à dos les environnementalistes, mais valait-il mieux fixer des objectifs irréalistes de réduction des GES ou lancer des cibles beaucoup plus élevées, mais inatteignables?
Les relations avec les États-Unis, bien enclenchées en 2006 avec le règlement sur le bois d’œuvre, sont allées en se détériorant.
Le Canada n’a pas été choisi pour occuper un siège au prestigieux Conseil de sécurité de l’ONU.
Son appui inconditionnel à Israël a été fortement critiqué.
M. Harper a toutefois conclu pas moins d’une quarantaine d’ententes de partenariats commerciaux durant ses mandats.
Homme de droite
Stephen Harper est le prototype de l’homme de droite. Il était aussi plutôt froid en public et avec la presse. Mais privément il est un tout autre homme. Je l’ai déjà constaté lors d’une entrevue à la résidence du 24 Sussex.
M. Harper ne passera pas à l’histoire comme un grand premier ministre, mais certainement comme un bon premier ministre.