Ecclestone se fout du public mais pas du GP du Canada
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Bernie Ecclestone a encore fait parler de lui jeudi à Montréal en livrant un message clair à la Ville.
Si je ne suis pas d’accord sur le fait que le circuit Gilles-Villeneuve doit être obligatoirement rénové, son intervention n’a rien de surprenant.
Montréal, c’est un pied-à-terre bien ancré pour la F1 en Amérique du Nord
Le patron de la F1 est un homme d’affaires redoutable qui doit rendre des comptes au groupe d’investisseurs qu’il représente.
Or, quand on signe un contrat, toutes ses clauses doivent être respectées, ce qui ne semble pas être le cas.
C’est son rôle de s’assurer que les deux parties prennent leurs responsabilités.
Certains ont dit que le Grand Prix du Canada serait une nouvelle fois menacé. Je ne pense pas qu’on en soit rendu là.
Traitement de faveur
Sans vouloir défendre Ecclestone, les gens doivent comprendre que le Grand Prix du Canada est privilégié en F1.
La F1 a besoin de Montréal et le démontre.
Les frais de sanction que doivent assumer les divers paliers de gouvernement sont fixés à environ 18 millions de dollars (provenant des fonds publics), alors que dans d’autres pays, à Abu Dhabi, à Singapour ou en Russie, le montant exigé est trois et même quatre fois plus élevé.
À Bakou, prochaine destination de la F1, la semaine prochaine, les organisateurs ont accepté de payer 70 millions par année pour accueillir un Grand Prix.
Course imprévisible
Oui, Ecclestone tient à Montréal, c’est l’un des plus beaux Grands Prix au calendrier.
Pour l’image à la télé, c’est comme Monaco. Ça sort de l’ordinaire et la course est souvent imprévisible.
Montréal, c’est un pied-à-terre bien ancré pour la F1 en Amérique du Nord, contrairement à Austin, au Texas, malgré la fortune qui y a été investie.
Somme toute, c’est l’un des Grands Prix les plus importants de l’année.
Ecclestone pourrait menacer de déplacer le Grand Prix ailleurs en sachant très bien qu’il pourrait renflouer davantage les coffres de la F1. Mais il ne souhaite pas le faire.
Je peux vous dire qu’à 18 millions par année, il se fait taper sur les doigts par les investisseurs, qui exigent toujours plus d’argent.
Dans ce contexte, Montréal est une aubaine.
Dur pour le promoteur
En contrepartie, la situation est beaucoup moins rose pour le promoteur local, qui doit se battre sans retenue pour rentabiliser sa démarche. Mais le modèle actuel n’est pas viable pour lui.
Son rôle, c’est d’attirer le plus d’amateurs possible sur le site, dont il tire une part significative de ses revenus.
Le problème, c’est qu’Ecclestone, lui, n’a rien à foutre du public qui se déplace à chaque Grand Prix.
Des courses pourraient avoir lieu devant des tribunes dégarnies et ça ne le dérangerait pas vraiment, comme ça se passe dans bon nombre de pays actuellement.
L’important, ce sont les droits de télé et l’engagement de puissants commanditaires comme Rolex ou, plus récemment, Heineken, qui font vivre la F1.
Si, à court terme, ce n’est pas gênant de voir peu de monde sur le site des Grands Prix, je me demande ce qui pourrait arriver si la situation perdurait.
À Barcelone, il y a un mois, la situation était plutôt catastrophique et c’était très visible à l’écran.
À Montréal ou en Australie, on n’a pas ce problème d’assistance.
Mais au risque de me répéter, pour l’instant, il n’y a pas d’inquiétude.
Regardez le contrat qui a été signé par Heineken et annoncé à Montréal.
Cette entreprise a accepté de verser près de 180 millions au cours des cinq dernières années.
La business fonctionne.
– Propos recueillis par Louis Butcher