Koriass se livre dans un documentaire

Si, pour les fans de Koriass, le visionnement du documentaire Koriass, revenir de loin est un must, il l’est d’autant plus pour les personnes qui ne sont pas familières avec son œuvre. Touchant et percutant, le film de Sabrina Hammoum va bien au-delà de la musique, puisqu’on y aborde une foule de thèmes comme la pauvreté, la culture du viol et la dépression. En prime, on y découvre l’homme inspirant qui se cache derrière l’un des rappeurs les plus respectés de la province.

Le documentaire Koriass, revenir de loin nous ouvre les portes de l’intimité du rappeur Emmanuel Dubois. Sans tabous et en toute simplicité, l’artiste revient sur les événements qui ont façonné l’homme qu’il est aujourd’hui.

«Je sais que quand je vais dans le profond, les gens s’identifient à ça. Ça les aide, déclare Emmanuel Dubois au début du documentaire, en faisant référence à sa responsabilité envers les jeunes qui s’identifient à ses chansons. J’essaie d’être un livre ouvert dans ma musique, de parler de mes expériences et de ce que j’ai vécu avec sincérité.»

Ce sont d’ailleurs ces expériences qui ont poussé la réalisatrice Sabrina Hammoum à vouloir faire un film sur l’artiste.

«J’ai écouté son disque Rue des Saules, qui fait beaucoup référence à ce qu’il a vécu, et j’ai su que je devais faire quelque chose sur lui, a-t-elle expliqué. Il revient de loin et c’est pour ça qu’il est aussi groundé. Quand tu parles avec ce que tu es et ce que tu as vécu, ça ne peut qu’avoir une résonance chez les autres.»

Sans tabous

Dans la première partie du film, Koriass nous emmène dans le quartier Montréal-Nord, où il a passé les premières années de sa vie. Il raconte par la suite comment sa mère – qui avait 18 ans lorsqu’elle l’a eu – a dû faire preuve de force et de détermination pour l’élever dans un milieu sain.

«Juger les autres, ça vient souvent avec l’ignorance, avec l’incompréhension, dit-il dans le film. Quand je parle avec des gens qui l’ont eu facile, je le constate. Quand tu as eu deux parents, une maison propre dans un quartier tranquille, de la chaleur l’hiver et une bonne éducation, tu es privilégié, dans la vie.»

En plus de parler sans retenue de la pauvreté héréditaire, un phénomène qui frappe trop de familles, le documentaire nous présente également le père qu’est devenu l’artiste. Geneviève East-Goulet, sa conjointe, ainsi que leurs deux filles, Sasha et Antoinette, sont présentes dans le film.

«C’est une décision que nous avons prise en famille, a expliqué Koriass en entrevue. Comme j’expose aussi l’histoire de ma mère, nous lui avons envoyé le film pour approbation. Lorsqu’elle l’a vu, elle était vraiment fière.»

Dépression

Même s’il avait déjà abordé la dépression qu’il a vécue après la naissance de sa fille aînée, à l’occasion de la sortie de son disque Rue des Saules, en 2013, les images captées par Sabrina Hammoum nous montrent une facette plus personnelle de cet épisode de sa vie.

«Quand elle m’a dit qu’elle voulait que l’on parle de ma dépression, j’ai dit OK, dans ce cas, on va aller la voir, la maison qui se trouve sur la rue des Saules, où je vivais lorsque j’étais au plus bas, a-t-il relaté. Ma blonde a aussi accepté d’en parler, comme elle a accepté de parler de son viol, qui est à l’origine de mon coming out féministe. Nous savions que pour que ce soit percutant, nous devions aller dans ce qui est profond et authentique.»

C’est ainsi que Geneviève East-Goulet, dont le viol a inspiré à Koriass le texte Natural Born Féministe (un billet devenu viral après avoir été publié par Urbania, l’été dernier), a été appelée à s’ouvrir pour la première fois sur ce pan de sa vie.

«Ce qui était important, pour moi, c’était de donner la parole à Geneviève, puisque c’est son histoire, a affirmé Sabrina Hammoum. Sa générosité, tout comme celle d’Emmanuel, m’a complètement étonnée. Nous nous sommes fait confiance.»

► Le documentaire Koriass, revenir de loin sera diffusé sur les ondes de TV5 le 12 juillet, à 21 h.