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Comme il est court, le temps des cerises

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Dès la mi-juillet, les arbres de Gaétan et Suzelle Beaulieu rougissent de plaisir. «Je ne me lasse jamais d’admirer nos arbres, dit Mme Beaulieu. On dirait des arbres de Noël pleins de boules rouges.»

Elle n’est pas la seule à éprouver ce plaisir. Au cours des prochains jours, des centaines d’amateurs de cerises griottes prendront d’assaut le verger du couple d’agriculteurs de Sainte-Mélanie, dans Lanaudière, pour remplir leurs paniers de ces délicieux petits fruits rouges au goût acidulé. Ils en feront des tartes, des confitures, des conserves ou les croqueront nature, mais chose certaine, la joie de pouvoir enfin cueillir ces petits fruits en sol québécois sera au rendez-vous.

C’est que les producteurs de griottes se font encore rares au Québec. Trois seulement à ce jour dans les environs de Montréal: la Bleuetière G. Beaulieu, Le temps des cerises à Saint-Paul-d’Abbotsford en Montérégie et Les délices de Compton, en Estrie. Pour les gens venus de pays d’Europe où l’autocueillette de cerises est largement répandue, c’est l’occasion de replonger dans leurs souvenirs d’enfance.

En 2011 et 2012, Gaétan et Suzelle­­ ont planté 1700 cerisiers sur leur terre de Sainte-Mélanie. «Mon père était dans le tabac, relate Gaétan. Le 3 mars 2003, Rothmans a annoncé qu’elle cessait d’acheter le tabac québécois. Je m’en souviens comme si c’était hier. En 2004, toutes les autres compagnies ont suivi. Je venais de prendre la relève, mais il a fallu trouver autre chose.»

Griottes, ce sera

Le couple a d’abord pensé aux bleuets, mais il souhaitait se démarquer. Des bleuetières, il y en pousse partout au Québec. Des cerisaies, beaucoup moins.

C’est ainsi qu’ils ont planté cinq variétés de griottes, de nouveaux cultivars qui produisent des fruits à la chair plus sucrée, dont certains noms célèbrent l’amour: la Roméo, la Juliette, la Crimson Passion et la Cupid.

«Lorsque les arbres sont en fleurs, le paysage est magnifique», confie Jeremy, 12 ans, le petit fils du couple qui passe ses vacances d’été à tondre les allées et à enlever les mauvaises herbes entre les arbres.

«Regarde grand-papa, encore une vesce Jargeau», s’exclame-t-il en parcourant les rangées d’arbres avec nous. Et il s’élance aussitôt pour arracher la plante, fort jolie de mon point de vue, mais trop envahissante pour un verger.

«La plus grande difficulté avec les cerisiers, dit Gaétan, c’est de réussir à avoir des fruits d’une année à l’autre. Les parasites sont nombreux et les maladies comme le chancre difficiles à contrôler.»

Aussi, la culture complètement bio ne fait pas partie de leurs plans pour le moment.

«Nous devons utiliser des fongicides pour contrôler les maladies», dit-il.

Ils ont recours à des produits biologiques pour traiter localement le charançon, un insecte ravageur d’arbres fruitiers, et la livrée d’Amérique, une chenille qui envahit rapidement les arbres. Toutes les mauvaises herbes sont enlevées à la main afin d’éviter l’usage d’herbicides.

L’aventure est encore nouvelle pour le couple. Avant de prendre la relève de la ferme de tabac de son père, Gaétan avait travaillé dix ans chez Hydro Québec.

«Le tabac c’était plus rentable, dit-il, mais il faut savoir s’adapter au changement.»

Pour le moment, ils tirent tous leurs revenus de l’autocueillette, mais ils songent à faire de la transformation. Parions que les confitures de cerises de Suzelle, avec leur délicieux petit goût acidulé, se vendront très bien.

 

Produits vedettes

renée laurin

Les griottes

Les griottes sont des cerises au goût légèrement acidulé qui conviennent très bien aux confitures, aux tartes et aux clafoutis. On peut aussi les faire macérer dans l’alcool. On les confond souvent avec les cerises de «France», de grosses cerises plus sucrées produites aux États-Unis, en Colombie-Britannique et en Ontario.

renée laurin

Des recherches menées à l’Univer­sité de la Saskatchewan au cours des années 1990 ont permis d’obtenir des cultivars dont les fruits sont plus sucrés. Il s’agit de la Juliette, la Roméo, la Crimson Passion et la Cupid.

À la Bleuetière G. Beaulieu, l’autocueillette des griottes commence habituellement autour du 15 juillet. On peut aussi y cueillir des bleuets. Il est préférable de téléphoner avant de se rendre sur place.

 

Coordonnées

Bleuetière G. Beaulieu
1160, Rang 2
Sainte-Mélanie (Québec)
450-803-2504

 

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