Un obèse morbide qui a perdu 200 livres combat encore son désir d’aller chez McDo
Même après avoir perdu plus de 200 lb, un obèse morbide qui a repris le contrôle de sa santé physique a encore le réflexe d’aller au garde-manger ou chez McDo. L’homme qui pèse 437 lb réalise que le travail psychologique ne fait que commencer.
«Ça me défoulait d’aller me chercher un trio McDo (...) ou d’aller au garde-manger, avoue Martin Lavoie, 44 ans. C’était un réflexe quand quelque chose me déplaisait.»
Sa vie en main
«J’ai pris ma vie en main physiquement, mais il faudrait que je la reprenne dans ma tête», ajoute-t-il.
Voilà plus d’un an que cet obèse morbide de 44 ans a entamé un processus de perte de poids. En mars 2015, il pesait 644 lb et ingérait jusqu’à 6000 calories par jour.
Le 4 mars dernier, après huit ans d’hésitation, le Lavallois qui pesait 539 lb a subi une chirurgie bariatrique. Le Journal le suit dans son cheminement depuis le mois de février. Jeudi dernier, la balance affichait 437 lb.
«Je n’ai jamais repris une livre depuis que j’ai décidé de maigrir! dit fièrement celui qui s’entraîne deux fois par semaine. J’ai vraiment beaucoup plus confiance en moi.»
Sans aucun doute, M. Lavoie vit une transformation tant physique que psychologique.
«Je pense que je vais aller voir un psy, souffle ce facteur de profession. Je veux saisir tout ce qui m’est offert pour m’aider et trouver des réponses. J’ai l’impression que la nourriture était l’échappatoire.»
Pourtant, l’hiver dernier, il assurait au Journal qu’il n’irait «jamais» voir un psychologue.
Admiratrices sur Facebook
Suivi par plus de 1000 internautes qui s’inspirent de son parcours sur sa page Facebook, il réalise à quel point la nourriture est une drogue.
«Si tu prends de la drogue ou si tu fumes, c’est clair que c’est un problème, compare-t-il. Manger, on dirait que ce n’est pas un problème. Tu te rends compte que c’est un problème quand ton poids t’empêche de bouger.»
Depuis quelques mois, le célibataire a aussi reçu plus d’une centaine de messages de femmes qui s’intéressent à lui.
«J’ai toujours été un homme à femmes, mais je n’ai jamais eu le physique qui allait avec! plaisante-t-il.
Ça me donne un bon moral! Je sens que je pourrais aller au-devant d’une fille plus facilement, que je pourrais être plus attirant qu’avant.»
Jouer au hockey
Quatre mois après l’opération, M. Lavoie a encore de la difficulté à manger et il manque d’énergie. Son congé de maladie se prolongera d’ailleurs encore pendant deux mois.
«C’est très dur, manger n’est pas un plaisir du tout», dit-il.
D’ici la fin de l’année, l’homme espère peser moins de 400 lb. Son prochain objectif? Rejouer au hockey.
«J’aimerais être assez à l’aise sur mes jambes pour patiner. Mon père me poussait pour faire la Ligue nationale. Malheureusement, je me suis mis à plus aimer le bacon que le hockey!» dit-il en souriant.
Martin Lavoie participera au docu-réalité OBÈSE Changer de vie, diffusé sur les ondes de Moi&Cie à l’automne. Pour le suivre sur Facebook: Martin Lavoie (parcours bariatrique)
La chirurgie qui bouleverse
La grande perte de poids qui suit une chirurgie bariatrique suscite souvent des bouleversements chez les obèses, pour qui la nourriture était un mécanisme de défense.
«La bouffe, c’est puissant. Tu manges et tu oublies», explique Catherine Bégin, psychologue spécialisée dans les problématiques liées au poids à l’Université Laval.
Choses camouflées
«C’est sûr que ça bouscule quelque chose, ça met en place un changement qui va beaucoup plus vite que nature, souligne-t-elle. Des fois, des affaires camouflées par la bouffe ressortent et les gens n’ont plus la nourriture comme mécanisme d’adaptation aux stresseurs.»
Selon Mme Bégin, qui aide des patients qui ont subi une chirurgie bariatrique, le changement est autant psychologique que physique, et il demande parfois beaucoup d’adaptation.
«Ce n’est pas pareil pour tout le monde. Certains gagnent en estime de soi et tout va bien. Mais pour d’autres, ça fait remonter des éléments pour lesquels on n’était pas prêt. Dans ces cas-là, l’aide psychologique et les groupes de soutien peuvent vraiment aider», dit la psychologue.
Pour certains, l’excès de nourriture est remplacé par autre chose de manière tout aussi exagérée (alcool, sport, magasinage, internet).
Les autres touchés
Par ailleurs, Mme Bégin constate souvent que la perte de poids a aussi des répercussions dans l’entourage de la personne au régime.
«Il y a des conjoints qui peuvent devenir très insécures de voir l’autre perdre du poids et ça devient menaçant. Ça peut aussi changer la relation avec les collègues.»
Quelques chiffres
Taille de chandail
♦ Aujourd’hui: 5x
♦ 2015: 10x
Taille de pantalon
♦ Aujourd’hui: Encore 2x («Mais je flotte dedans»)
Calories ingérées par jour
♦ Aujourd’hui: entre 800 et 1500
♦ 2015: jusqu’à 6000
Poids
♦ Aujourd’hui: 437 lb
♦ 2015: 644 lb en mars 2015
Tour de taille
♦ Aujourd’hui: 67 po
♦ 2015: 78 po en 2015
Ce qui est plus facile depuis la chirurgie
♦ Attache ses souliers
♦ Capable de se laver sans s’asseoir sur un banc
♦ Peut attacher sa ceinture en voiture
♦ Réussit à faire des marches
♦ Va au cinéma
Ce qui est plus difficile depuis la chirurgie
♦ Monter les escaliers
♦ Fait plus d’insomnie