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Des réservoirs pleins à craquer

Hydro-Québec n’a jamais eu autant d’énergie en stock, mais peine à trouver des acheteurs pour ses kWh

Manic 5
Photo d’archives Le réservoir Manicouagan, qui alimente notamment la centrale Manic-5 (photo), a un niveau d’eau très élevé.

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Les réservoirs d’Hydro-Québec sont pleins à craquer dans le Nord du Québec. La société d’État a plus d’énergie à vendre que jamais, mais manque de clients pour écouler ses surplus.

Une source ayant survolé le Nord-du-Québec, la Côte-Nord et le Lac-Saint-Jean a noté un niveau d’eau jamais vu dans les réservoirs Caniapiscau, Manicouagan, Manouane et Péribonka, qui alimentent les plus grandes centrales électriques de la province.

Dans un document déposé à la Régie de l’énergie en mai, Hydro-Québec prévoit atteindre en août le cap des 130 milliards de kWh stockés derrière ses barrages, un record absolu.

Pour novembre, avant les grands froids de l’hiver, la société d’État table même sur une réserve de 142 milliards de kWh.

«Hydro-Québec se trouve dans une situation très confortable en termes de stockage d’eau», confirme Marie-Élaine Deveault, porte-parole.

Bref, les pénuries d’eau de 1999 et 2004 sont chose du passé.

En fait, la société d’État se retrouve avec le problème inverse. Alors que les nouvelles centrales de La Romaine entrent en fonction sur la Côte-Nord, à qui peut-elle vendre toute cette énergie?

Les exportations d’Hydro-Québec sta-gnent depuis 2012. Chez ses clients américains, le prix du kWh s’est considérablement dégonflé depuis l’arrivée de grands stocks de gaz de schiste sur le marché, à partir de 2008.

Ici, l’hiver doux a diminué les ventes. Hydro-Québec Distribution est tout de même obligée d’acheter toute la production d’énergie éolienne imposée par le gouvernement et doit donc diminuer ses achats d’énergie provenant des grands barrages.

«Hydro-Québec Distribution dispose actuellement d’un surplus de l’ordre de 10 milliards de kWh qui fait une pression à la hausse sur les réservoirs», dit Marie-Élaine Deveault.

Centrales à perte

Pour Jean-Thomas Bernard, économiste de l’énergie à l’Université d’Ottawa, la société d’État doit arrêter de construire des centrales.

«Ce n’est pas rentable, dit-il. On se retrouve avec des surplus qu’on risque de devoir exporter à perte!»

Hydro-Québec minimise le problème. «Les surplus sont stockés dans les réservoirs qui offrent une grande flexibilité. Hydro-Québec peut donc profiter des meilleurs prix de marchés d’exportation.»

Le hic, c’est que dans ses ventes d’électricité à court terme, la société d’État n’est pas arrivée à vendre son kWh à plus de 5,4 ¢ en moyenne, en 2015, alors que les nouvelles installations produisent des kWh à 6 ¢ et plus.

«En période de canicule, les prix peuvent atteindre 30 ¢, mais Hydro-Québec n’a jamais pu vendre autant qu’elle le voulait pendant ces périodes-là», dit Jean-François Blain, consultant en énergie.

Pour pouvoir faire mieux, la société d’État doit absolument pouvoir exporter plus d’énergie au bon moment, dit Pierre-Olivier Pineau, titulaire de la Chaire de gestion du secteur de l’énergie à HEC Montréal. «Il faudrait qu’il y ait un projet de transmission qui se confirme.»

Il signale cependant qu’Hydro-Québec a encore de la marge. La société d’État est loin de sa capacité de stockage maximale de 176 milliards de kWh.

 
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