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L’imprévisible Jean-François Lisée

Jean-François Lisée devrait donner un nouvel élan au Parti québécois.
Jean-François Lisée devrait donner un nouvel élan au Parti québécois. Photo Annie T. Roussel


La politique est un théâtre où les passions et les convictions révèlent des acteurs exceptionnels, admirables ou décevants, des acteurs aimés ou haïs. Vendredi soir, le Parti québécois a mis en scène l’élection de son chef, celui qui assurera son nouvel élan ou assistera à l’accentuation de sa lente et inexorable détérioration.

La victoire de Jean-François Lisée, impensable au début de la course à la chefferie, transformera dans les deux années à venir le débat politique au Québec. Cette surprise du chef placera le gouvernement de Philippe Couillard sur la défensive et ceux qui aiment les joutes politiques seront servis.

Qui eût cru que ce personnage atypique de la scène politique aurait réussi à renverser la tendance qui couronnait d’avance Alexandre Cloutier, le politicien de la nouvelle génération, mais dont la personnalité s’apparente davantage aux politiciens tranquilles qu’aux charismatiques comme Lévesque, Bouchard, Parizeau et aux vieux renards redoutablement efficaces, fins connaisseurs des arcanes de la politique et naturellement près des citoyens comme Jean Charest?

Un franc-tireur

Le Parti québécois retrouvera-t-il sous la houlette de Jean-François Lisée une combativité et une agressivité intellectuelle positive qui l’avaient abandonné?

L’assurance s’il est élu premier ministre de reporter à un second mandat la tenue d’un référendum qu’a apporté à la population Jean-François Lisée lui donne carte blanche pour redonner ses lettres de noblesse à l’éducation, pour faire de la culture le fer de lance d’une nouvelle fierté collective, pour conjuguer les objectifs économiques avec la bienveillance sociale et pour affirmer haut et fort la primauté du français dans la vie quotidienne mais aussi l’importance de parler, d’écrire et de lire, une nécessité inaliénable dans un Québec moderne.

Le nouveau chef du Parti québécois est un homme sans complexe, un franc-tireur qui a su pendant sa campagne mettre en veilleuse une arrogance naturelle dont il doit user avec une extrême prudence et qui doit être réservée à des adversaires coriaces et douteux sur le plan de l’éthique.

Un redoutable adversaire

La politique québécoise dans le passé a connu ses heures de gloire avec des débats articulés, des affrontements d’idées dans un climat parfois houleux mais où triomphait la pensée. Des débats qui instruisaient les gens leur donnaient de l’espoir, car ils s’inscrivaient dans une vision du pays.

La politique du clientélisme où les politiciens gouvernent ou s’activent dans l’opposition les yeux fixés sur les sondages d’opinion a fini par dégoûter les électeurs. Les gouvernements contrôlés par les technocrates et les comptables sans âme ont eu comme conséquence de détacher les citoyens des institutions politiques pour lesquelles ils n’ont plus de respect. Les politiciens d’aujourd’hui doivent retrouver les mots et adopter des comportements qui redonnent de l’espoir.

Jean-François Lisée en appliquant un accommodement raisonnable face au référendum qu’il reporte à plus tard saura-t-il garder cette vigueur qu’il a manifestée en s’imposant en quelques mois seulement aux membres du PQ? Saura-t-il trouver les mots dont il use et parfois abuse pour tendre la main au Québec de la diversité? Saura-t-il, à vrai dire, se faire aimer des Québécois, lui dont la personnalité est aussi abrasive que détonante?

Depuis vendredi soir, Philippe Couillard sait qu’il vient d’hériter de son interlocuteur le plus redoutable.







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