Une police trop politique
Coup d'oeil sur cet article
La nouvelle-choc de l’espionnage du chroniqueur Patrick Lagacé par le Service de police de Montréal (SPVM) a vite fait le tour de la planète. D’où la rapidité exceptionnelle de Philippe Couillard à cibler un trio d’«actions».
Création d’un «comité d’experts» présidé par un juge «de prestige». Hausse du degré de difficulté pour l’obtention par la police d’un mandat de surveillance. Inspection par le ministère de la Sécurité publique des «pratiques» suivies par le SPVM, la SQ et la police de Québec.
Pas d’enquête publique
Pas question toutefois d’une enquête publique, ni de dégommer le chef du SPVM, Philippe Pichet. Seul le temps dira si l’annonce du premier ministre réussira ou non à mieux protéger la liberté de presse au Québec.
N’empêche que l’inspection du SPVM constitue un premier désaveu de M. Pichet. En le gardant en poste, on y laisse toutefois perdurer un climat malsain, une hypercentralisation du pouvoir de même qu’une «chasse» aux policiers qui «parlent» à des journalistes.
Le «problème» policier est cependant plus large encore. Cette dernière crise n’est que le énième symptôme d’un vieux mal qui, depuis la grève étudiante de 2012, opère un retour inquiétant: la politisation des forces policières et la tentation autoritaire qui en découle.
Cran d’arrêt
Quand la police devient politique, il est urgent d’y mettre un cran d’arrêt. Or, seul un parlement peut le faire. S’il le veut vraiment, bien sûr.
C’est pourquoi le gouvernement, s’il veut être crédible, devra calibrer le mandat de son futur comité d’experts en conséquence. Puisque ce comité devra recommander des balises législatives pour mieux encadrer le pouvoir policier et protéger la liberté de presse, il devra faire la lumière sur cette politisation inquiétante de la police.
Sinon, force sera de conclure à une proximité redevenue trop grande entre les pouvoirs politique et policier. Ce qui, peu à peu, minerait nos libertés les plus fondamentales.