Des sons étranges terrifient le Grand Nord: l'armée canadienne enquête
Une patrouille militaire et des spécialistes de l’acoustique vont être dépêchés dans l’Arctique pour enquêter sur un bruit mystérieux entendu cet automne par des Inuits et dont l’origine reste inexpliquée, a indiqué jeudi l’armée canadienne.
Rappelons qu'il y a quelques mois, des chasseurs, seuls canadiens à se rendre dans certaines régions très éloignées du Nunavut, s'inquiétaient de bruits étranges qui semblent venir du fond de la mer. Ces sons seraient tellement dérangeants qu’ils feraient fuir les animaux de leur habitat naturel.
Selon les informations de l'AFP, le bruit, qui s’apparente à un «hum», aurait été entendu durant tout l’été 2016 dans le détroit de Fury et Hecla, à environ 120 kilomètres au nord-ouest de Igloolik.
Paul Quassa, un membre de l’Assemblée législative du Nunavut, explique que des milliers de mammifères marins se trouvent normalement dans ce grand bassin d’eau entouré de glace. «Cet été, les animaux avaient déserté les lieux. C’est louche», a-t-il commenté à l’Assemblée.
En effet, le détroit est sur la route de migration pour les baleines boréales, le phoque barbu et le phoque annelé. Ces espèces, manifestement incomodées par le son qui émane de l'océan, ont fui les lieux.
Un son bien mystérieux
Les chasseurs ne sont pas les seuls à avoir entendu le son intrigant. Des plaisanciers qui se sont promenés dans la région à bord d’un yacht privé ont affirmé l’avoir entendu et en ont discuté sur les ondes de la radio locale de Igloolik. Selon ce que rapporte la CBC, plusieurs auditeurs auraient appelé à ce moment pour dire qu’ils avaient aussi entendu le son.
Personne ne sait exactement d’où provient le bruit qui fait fuir la faune, mais les théories abondent.
Tout le monde tente d’élucider le mystère
Le député Quassa affirme qu’aucun permis n’a été délivré pour autoriser des travaux de construction ou de dynamitage dans la région, ce qui aurait pu expliquer le bruit.
Mais alors, d’où provient-il?
Des militants écologistes pointent du doigt la société minière Baffinland Iron, qui aurait utilisé des sonars pour faire de l’exploration minière. Mais la compagnie a démenti ces informations, affirmant ne pas mener d’enquête dans cette région et ne pas posséder d’équipement dans l’eau.
Des adeptes de la théorie du complot, parmi lesquels figurent plusieurs résidents du Grand Nord, suggèrent que Greenpeace pourrait être responsable de l’émission de ce son étrange afin d’éloigner les bêtes sauvages et ainsi, les protéger pendant la saison de la chasse.
L’armée canadienne s’en mêle
L’armée a été appelée en renfort et a dépêché en novembre un avion de patrouille Aurora, équipé d’une batterie de radars. Après 1h30 de survol, «aucune anomalie acoustique» ni «aucune présence à la surface de l’eau ou sous-marine» n’ont été constatées, a résumé jeudi à l’AFP Josée Bilodeau, major de la Force opérationnelle interarmées Nord.
En revanche, l’équipage de l’appareil a observé deux bancs de baleines et six narvals, a-t-elle remarqué.
À la suite de cette patrouille, l’enquête a été officiellement classée, mais, «afin de répondre aux inquiétudes de la population locale», deux soldats spécialistes de l’acoustique vont être dépêchés sur place entre le 25 janvier et le 2 février.
Ils vont se joindre à une patrouille de Rangers – un corps de l’armée canadienne formé de réservistes inuits – qui devait déjà inspecter la zone, a indiqué la major Bilodeau.
«Cela va permettre de rassembler des informations de première main auprès de ceux qui avaient rapporté en premier» ce son inconnu, a-t-elle dit.
À suivre...
- Avec les informations de l'AFP