Québec lui redonne son 1$ par jour
Un fonctionnaire « zélé » avait coupé ses prestations
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GATINEAU | Le ministre a dû corriger le manque de jugement et le zèle d’un fonctionnaire de l’aide sociale qui avait privé une jeune femme trisomique de l’Outaouais de sa modeste paye d’un dollar par jour.
Myriam Cournoyer, une trisomique de 26 ans, travaille depuis cinq ans au Centre artisanal pour la déficienne-intellectuelle de l'Outaouais (CADO) de Gatineau, un organisme où elle confectionne des décorations de Noël pour un dollar par jour.
Toutes les deux semaines, elle recevait sa paye de 6 $ pour s’acheter une «liqueur et une barre de chocolat».
Jour de paye
Même si les prestataires d’aide sociale peuvent gagner 100 $ par mois sans être coupés, un fonctionnaire zélé avait décidé de couper les prestations que reçoit Myriam, car selon lui il s’agit d’un don et non d’un salaire.
«Il y a clairement des gens qui ne comprennent pas les situations. On parle ici de 1 $ par jour. C'est inacceptable», peste Geneviève Labrecque, DG du regroupement Trisomie 21 du Québec.
Après le tollé soulevé par cette histoire, Québec a fait marche arrière et Myriam a pu récupérer son dû.
Hier, c'était «jour de paye» pour les 70 personnes qui contribuent au CADO. Myriam était tout sourire alors qu'elle confectionnait des lutins de Noël.
«Je fabrique des kiosques de Noël, des sapins de Noël et je colle des cocottes de sapin sur des crèches de Noël», lance-t-elle.
Zèle
Le directeur du Centre CADO, Aurèle Desjardins, déplore aussi la situation.
«Il y a quelqu'un qui devra comprendre que ça n'a pas de bon sens de s'acharner sur des personnes vulnérables avec peu de moyens. Pour eux, c'est tellement important de recevoir une paye. Ça fait en sorte qu'ils se sentent importants. Quand ils reçoivent leur paye de 5 à 15 $ aux deux semaines, c'est comme s'ils recevaient une paye de 2000 $», commente-t-il.
Il a rapporté qu'il connaissait au moins un autre cas similaire dans la région de l'Outaouais.
Le député libéral dans Chapleau, en Outaouais, Marc Carrière, a concédé que le fonctionnaire a fait du zèle.
«La loi sur la sécurité du revenu n'est pas simple. Elle a été appliquée dans ce cas-ci peut-être de façon trop stricte et de manière rigoureuse. Il y a eu un manque de souplesse», a-t-il dit.
Même du côté du ministère du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité sociale, un certain malaise se faisait sentir.
«Cette fois peut-être que l’agent a été trop strict, mais on veut s'assurer que les règles soient uniformisées», a commenté l’attaché de presse du ministre, Simon Laboissonnière.