Soupçonné de corruption, le maire de Terrebonne se retire
Jean-Marc Robitaille démissionne en invoquant sa santé et celle de sa femme
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Le maire de Terrebonne Jean-Marc Robitaille a démissionné mardi, lui qui est soupçonné par la police d'être au cœur d'un vaste stratagème de corruption.
Dans un communiqué, Robitaille invoque des problèmes de santé pour quitter le poste qu'il occupait depuis 19 ans.
«Mon état de santé actuel, conjugué à celui de mon épouse, ne me permet pas d'assumer mes fonctions de façon adéquate, et ce, dans un avenir raisonnable», fait-il valoir.
En octobre, notre Bureau d'enquête révélait l'ampleur du complot allégué qui aurait été en place dans cette ville de la couronne nord de Montréal, durant plus d'une décennie.
Selon l'Unité permanente anticorruption (UPAC), le maire et sa garde rapprochée auraient bénéficié de pots-de-vin de plusieurs dizaines de milliers de dollars en échange de contrats publics. Élus et hauts fonctionnaires auraient également pris part à de multiples voyages dans le Sud et dans une pourvoirie, le tout aux frais d'entrepreneurs.
Les enquêteurs allèguent aussi que le prix de plusieurs contrats payés par les contribuables aurait été gonflé afin de permettre aux entrepreneurs de payer les pots-de-vin.
Congés maladie
En plus du maire, son chef de cabinet Daniel Bélec, le directeur général de la Ville Luc Papillon ainsi que le président de la Régie d'aqueduc intermunicipale des Moulins, Michel Morin, sont dans la mire de la police.
Toutes ces personnes sont d'ailleurs en congé de maladie depuis plusieurs semaines. Elles reçoivent leur salaire, mais ne se présentent pas à l'hôtel de ville pour faire leur travail.
Perquisitions
Selon les documents dont nous avons obtenu copie, l'UPAC étudie la possibilité de demander le dépôt de chefs d'accusation pour fraude, corruption dans les affaires municipales, complot et abus de confiance.
À ce jour, personne n'a été arrêté dans cette affaire. Plusieurs perquisitions ont cependant eu lieu, notamment à l'hôtel de ville et à la résidence personnelle du maire, depuis le mois de juillet.
Puisque sa démission survient à moins d'un an du prochain scrutin municipal, prévu pour le 5 novembre 2017, il n'y aura pas d'élection avant cette date pour nommer un nouveau maire.
Dans la mire de la police depuis des mois
2 novembre 1997
Élection de Jean-Marc Robitaille à la mairie de Terrebonne. Il gardera son poste grâce à de confortables victoires en 2001, 2005, 2009 et 2013
10 septembre 2014
Le maire Robitaille admet avoir menti à propos de ses voyages sur le yacht du controversé entrepreneur Tony Accurso. Il admet s'y être prélassé deux fois, toutes dépenses payées, alors qu'un an plus tôt il assurait n'y être allé qu'une seule fois, et à ses frais.
13 juillet 2016
Terrebonne est visée par des perquisitions de l'UPAC dans une dizaine de lieux, dont l'hôtel de ville et les résidences personnelles du maire (photo ci-haut), de son chef de cabinet et du directeur général.
26 juillet 2016
L'UPAC retourne perquisitionner dans la résidence du chef de cabinet Daniel Bélec (photo ci-contre) et de sa conjointe, la conseillère municipale Marie-Claude Lamarche. Notre Bureau d'enquête révèle que la police s'intéresse notamment à la construction de la spectaculaire entrée de garage en pavé uni devant cette demeure cossue.
15 août 2016
Le maire part en congé de maladie le jour même où une séance publique du conseil municipal est prévue.
11 octobre 2016
Notre Bureau d'enquête révèle que l'UPAC enquête sur le versement d'argent comptant par des entrepreneurs ainsi que sur de nombreux voyages dont lui et sa garde rapprochée auraient bénéficié, aux frais de ceux qui obtenaient des contrats publics.
8 novembre 2016
Le maire Robitaille démissionne à cause de son «état de santé actuel».
