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La production caprine (sans caprices)

La production caprine (sans caprices)

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Cette semaine, Radio-Canada a présenté un reportage (à La Semaine Verte) concernant la production caprine (lait de chèvre) au Canada. Au cours des dernières années, ce secteur agricole méconnu (environ 1,000 exploitants au Canada) a augmenté sa production d'environ 200%. Savez-vous ce qui est encore plus intéressant? Ce secteur n'est pas assujetti à la gestion de l'offre! 

En effet, la production caprine est largement en dehors de la portée du système de gestion de l'offre (voir ici). Cette industrie obtient peu d'aide du gouvernement, elle n'est presque pas protégée de la concurrence étrangère (à quelques exceptions notables) et elle ne bénéficie d'aucun système de contrôle des prix (voir ici). Il ne s'agit pas d'une industrie non-réglementée. Toutefois, relativement aux secteurs affectés par la gestion de l'offre, on peut affirmer que ce secteur est largement libéralisé. Alors comment performe cette industrie laissée à elle-même (au "méchant libre marché" comme dirait le caricatural Marcel Groleau)? Le nombre d'exploitants est resté stable depuis 2001 (voir image). En contrepartie, les secteurs de la production de la volaille, des oeufs et des produits laitiers sont largement incapables de maintenir leurs nombre en dépit des aides gigantesques que le système de gestion de l'offre  génère. Soyons clairs, la production caprine est une fraction infime de la production totale de lait (voir ici). Et pourtant, elle réussit à prendre de l'expansion rapidement - le tout sans appauvrir les gens en forçant des prix trop élevés (comme je soulignais dans mon étude avec l'Institut économique de Montréal)

L'industrie caprine nous donne une bonne idée d'une des deux développements possibles si on en venait à libéraliser les secteurs protégés par la gestion de l'offre. La première possibilité est celle d'une consolidation. Plusieurs fermes cessent d'opérer (suite à une compensation pour les permis) et le nombre de ferme diminue rapidement alors que la production augmente grâce à des gains de productivité (comme on a vu suite à l'abolition de l'office de commercialisation du blé et suite à l'abolition de la gestion de l'offre en Australie). La second possibilité c'est la fin de l'inertie qui afflige l'industrie. Au cours des années récentes, la faible productivité des secteurs sous gestion de l'offre a privé les producteurs canadiens de l'opportunité d'exploiter le "boom" mondial de la demande de produits laitiers et de produits de la volaille (voir cet article dans le Canadian Journal of Economics). Il s'agit d'une immense opportunité perdue. Le secteur de la production caprine montre que, sous la pression de la concurrence, les agriculteurs peuvent aussi augmenter leur production afin de répondre à des changements dans les préférences des gens. 

Sans caprice, l'industrie caprine a réussi à exploiter des nouvelles opportunités commerciales. Pourquoi les secteurs régimentés par la gestion de l'offre seraient-ils incapables d'en faire autant? 

 

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