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Il aurait été battu par un policier

Un agent de la Sûreté du Québec est accusé de l’avoir roué de coups avec son bâton télescopique

Alexandre Hébert aurait eu le doigt fracturé et des lacérations à la tête lors de l’intervention.
Photo Martin Alarie Alexandre Hébert aurait eu le doigt fracturé et des lacérations à la tête lors de l’intervention.

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Un agent de la Sûreté du Québec est accusé d’avoir roué de coups un père de famille qu’il venait d’intercepter pour des vitres trop teintées. Le tout devant son bébé de 11 mois.

L’agent Guillaume St-Louis, affecté au poste de Lavaltrie, fait face à des chefs de voies de fait armées et causant des lésions, ainsi que d’utilisation négligente d’une arme, soit son bâton télescopique.

C’est la division des affaires internes de la SQ qui a mené l’enquête, après une plainte du citoyen Alexandre Hébert.

Ce ne serait pas la première fois que le policier St-Louis, 35 ans, se retrouve en eaux troubles à cause de son tempérament.

<b>Guillaume St-Louis</b><br> 
<i>Policier accusé</i>
Photo Martin Alarie
Guillaume St-Louis
Policier accusé

Le 9 décembre 2014, Alexandre Hébert allait reconduire sa fille de 11 mois à sa garderie de Lanoraie lorsqu’il a été intercepté par l’agent St-Louis.

«Je ne pensais pas avoir commis d’infrac-tion», a témoigné l’homme de 34 ans hier, au procès du policier, au palais de justice de Joliette. L’agent St-Louis lui a mentionné qu’il l’arrêtait pour ses vitres trop teintées.

Lunettes arrachées

Le citoyen a été sommé de sortir de sa voiture, a-t-il dit au juge Carol Richer.

C’est là que les choses auraient dégénéré.

«D’un ton autoritaire», l’agent a ordonné à M. Hébert d’enlever ses lunettes de soleil.

Mais le policier les lui aurait rapidement arrachées du visage, d’après la victime.

Dans les minutes qui ont suivi, M. Hébert aurait reçu du poivre de Cayenne dans l’œil et une série de coups de bâton. Au moins une dizaine, a-t-il décrit. D’abord aux jambes, puis au dos.

Le policier lui aurait ordonné de se mettre les mains sur le capot de son auto, mais le citoyen n’aurait pas eu le temps de s’y rendre, a relaté celui-ci à la cour.

Fracture

Alexandre Hébert a fini par s’écrouler à plat ventre au sol, «la face dans la gadoue».

Il aurait ensuite reçu trois coups à la tête, dont un qui lui aurait fracturé l’index alors qu’il tentait de se protéger, selon ses dires.

Alexandre Hébert aurait eu le doigt fracturé et des lacérations à la tête lors de l’intervention.
Photo courtoisie

 

Il a eu besoin de broches dans son index et de points de suture pour refermer son cuir chevelu.
Photo courtoisie
Il a eu besoin de broches dans son index et de points de suture pour refermer son cuir chevelu.

M. Hébert a été menotté et amené au poste de police. Deux autres agents sont allés reconduire sa fillette, qui attendait toujours dans l’auto, à la garderie.

M. Hébert a admis en cour avoir traité l’agent St-Louis de «sans-dessein» et de «fou» au cours de l’intervention.

Il a reçu une contravention pour avoir insulté un policier et trois autres parce qu’il n’avait pas son permis ni les papiers du véhicule. Il les a toutes payées.

Le policier a lui-même insulté deux agents

L’agent de la SQ accusé d’avoir brutalisé un citoyen a lui-même déjà dû payer une contravention de 100 $ pour avoir insulté deux autres policiers, selon nos informations.

«Hostie de gang de deux de pique». C’est comme ça que l’agent Guillaume St-Louis a appelé deux policiers de la Ville de Trois-Rivières, le 7 décembre 2011. Le policier maintenant âgé de 35 ans travaillait alors à la division de la surveillance électronique, et faisait de la filature devant une résidence.

Ce soir-là, l’agent St-Louis était habillé en civil et conduisait une Dodge Caravan banalisée.

Vers minuit trente, les agents Gina Boudreault et Luc Barrieau l’interceptent pour une vérification, dans le secteur Pointe-du-Lac.

Filature secrète

L’agent St-Louis ne s’identifie pas immédiatement comme policier, afin que son opération de filature demeure secrète, lit-on dans un jugement de la Cour supérieure rendu en 2015.

Les deux agents de la police municipale le questionnent davantage, mais St-Louis ne donne que des réponses brèves. Il donne son permis de conduire aux policiers, mais dit «ne pas être en possession des papiers du véhicule».

Les policiers de Trois-Rivières pensent alors qu’il pourrait avoir volé le véhicule. Ils lui demandent d’en sortir, allant jusqu’à lui empoigner le bras.

Pour désamorcer la situation, l’agent St-Louis leur montre finalement sa plaque. Les agents de Trois-Rivières lui demandent de rester sur les lieux, le temps d’appeler leur supérieur.

Contestation

Au moment de partir, il insulte les policiers Barrieau et Boudreault, qui lui enverront une contravention par la poste.

«Il expliquera au tribunal qu’à ses yeux, leur intervention était complètement illégale», note le juge François Huot dans sa décision. L’agent St-Louis a contesté la contravention à deux reprises, en vain. Il l’aurait finalement payée, selon le registre de la Cour municipale de Trois-Rivières.

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