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De pilote à instructeur de conduite

Il prodigue des conseils aux aspirants policiers à Nicolet

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Après une longue carrière en course automobile où il devait toujours pousser sa voiture à la limite, voilà que Bertrand Godin enseigne aujourd’hui aux aspirants policiers à Nicolet l’art de bien gérer les dangers qui peuvent se présenter sur la route.

L’ancien pilote de formules Ford, Indy Lights, Atlantique et F3000 est instructeur de conduite à l’École ­nationale de police du Québec depuis 2011.

«J’adore ce boulot qui m’a permis de prodiguer des conseils à plus de 4500 élèves au cours des cinq dernières années», a raconté Godin lors d’une entrevue réalisée à son domicile situé à Sainte-Marie-Madeleine.

«De côtoyer ces aspirants policiers me garde jeune, a ajouté l’homme de 49 ans. Je me revois en eux, quand j’ai amorcé ma carrière en course automobile dans les années 1990. Ils ­veulent apprendre et c’est gratifiant pour moi.

«De pouvoir partager mon expérience avec les élèves, de leur enseigner des trucs afin qu’ils puissent être en mesure de garder le contrôle de leur véhicule en toutes circonstances donne un sens à tout ce que j’ai pu ­vivre en course automobile.

«Non seulement faut-il leur enseigner des techniques de conduite, mais ils doivent aussi apprendre à gérer le facteur humain, notamment sur le plan de la vigilance dans des situations d’urgence. Les élèves disposent entre autres d’un programme de ­développement sur simulateur.»

Un homme qui sait se tenir occupé

Toujours aussi plein d’entrain, ­Godin ne manque pas d’occupations. Il est toujours le porte-parole du ­Salon de l’auto de Montréal, qui a ­ouvert ses portes hier.

L’automobile est une passion chez cet excellent communicateur. Dans le sous-sol de sa maison, il possède même un imposant simulateur de course.

Godin est commentateur des épreuves de la série IndyCar à TVA Sports en compagnie de Jean Pagé et il anime l’émission Du haut des airs sur le même réseau, soit une série ­documentaire tournée à l’aide de drones, qui nous présente des mordus de sport et de plein air par l’entremise d’images spectaculaires.

Il prononce aussi des conférences: il est porte-parole pour Monsieur ­Muffler, il possède une licence de ­pilote d’avion et il participe encore à des courses de la série pour la Coupe Nissan Micra.

Un vrai tourbillon que ce Bertrand Godin, qui répond à nos questions.


À quand remonte ton ­implication comme porte-parole du Salon international de l’auto de Montréal?

«J’en suis déjà à ma 16e année. J’aime participer activement à cette grande fête de l’automobile, un domaine en constante évolution. J’apprécie beaucoup le contact avec le public. On forme une belle équipe.»

Cette passion pour la course automobile et l’automobile en général, l’as-tu toujours eue?

«Oui. On peut dire que j’ai ça dans le sang. J’ai commencé tard à faire du karting, soit à l’âge de 18 ans. Les succès sont heureusement venus rapidement et en 1992, je quittais le Québec pour aller faire ­carrière en France en formule Ford, comme pilote de l’écurie Mygale. J’ai vendu ma voiture au Québec, je me suis acheté un billet d’avion pour Paris et je suis parti avec 250 $ dans mes poches. Mes parents avaient failli tomber sans connaissance lorsque je leur avais annoncé la nouvelle. Je tenais à vivre ma passion pour la course. Je logeais dans un petit appartement à peu près vide en France, mais c’était le dernier de mes soucis. En 1993 et en 1994, j’ai été sacré vice-champion de France en formule Ford. La dernière année là-bas, je suis monté huit fois sur le podium en 10 courses.»

Peux-tu nous rappeler ­comment s’était passé ton retour en Amérique?

«Claude Bourbonnais pilotait pour l’écurie Player’s en Indy Lights, une série très compétitive à l’époque, lorsque j’ai été appelé à le remplacer au pied levé parce que Claude s’était blessé. J’ai pris part à quatre courses en 1995 et à quatre autres épreuves en 1996, me mesurant à des pilotes de la trempe de Helio Castroneves et Tony Kanaan. Mon meilleur résultat fut une cinquième place au Grand Prix de Trois-Rivières.»

Quel a été le fait marquant de ta carrière de pilote?

«Je me suis retrouvé au volant d’une formule Atlantique en 1997 pour l’écurie Player’s, soit avec Alexandre Tagliani. J’ai remporté deux courses d’affilée, à Montréal et sur le circuit de Cleveland. J’ai vécu la plus forte sensation de ma ­carrière en signant ma première victoire dans cette série, le 14 juin 1997, sur le circuit de l’île Notre-Dame. J’avais 10 ans lorsque Gilles Villeneuve a gagné le Grand Prix du Canada, en 1978. En regardant la course, je m’étais dit qu’un jour, ça serait mon tour. J’aurais aimé réaliser ce rêve en F1, mais j’étais tout aussi emballé à l’idée d’avoir pu remporter une course de formule Atlantique au même endroit que Gilles Villeneuve. C’était symbolique à mes yeux, surtout que c’était la première fois que j’avais la chance de rouler sur le circuit de l’île Notre-Dame.»

Quel fut le moment le plus ­difficile?

«Le jour de mon 30e anniversaire de naissance, soit le 17 novembre 1997, les dirigeants de Player’s m’ont annoncé que je perdais mon volant en formule Atlantique. Ce fut un coup très dur à encaisser. Je me suis cependant retroussé les manches pour m’attaquer à un autre défi, soit d’obtenir un volant en Formule 3000, qui représentait alors l’antichambre de la Formule 1. On y retrouvait des pilotes comme Juan Pablo Montoya et Nick Heidfeld, par exemple.»

Comment ça s’était passé en F3000?

«J’avais signé une entente avec l’écurie Durango à la dernière minute et je ne m’étais pas retrouvé dans une situation favorable pour obtenir de bons résultats en piste, conduisant la deuxième monoplace de l’écurie. On disposait d’un budget vraiment limité et ma voiture n’était pas compétitive. Je me souviens qu’à Monaco, l’équipe avait même dû laisser les ailerons en garantie afin de pouvoir se procurer de nouveaux porte-moyeux! Mon meilleur résultat a été une huitième place à ma première course sur le circuit d’Oschersleben, en Allemagne. Ma persévérance avait été mise à rude épreuve cette année-là. Je ne regrette cependant rien. Je suis fier de ce que j’ai accompli durant ma carrière, surtout lorsqu’on pense que je suis parti de rien.»

Que penses-tu de l’arrivée du Québécois Lance Stroll en ­Formule 1 cette année?

«Je l’ai bien connu lorsqu’il roulait en karting et que je participais à l’émission Champ Kart. J’avais ­rapidement pu constater qu’il était un passionné. Oui, Lance a eu la chance de grandir dans une famille fortunée, mais je voyais surtout un jeune déterminé à remporter des courses, qui ne se contentait pas de rester dans sa zone de confort. J’étais convaincu qu’on allait le ­retrouver un jour en F1.»

Crois-tu que Stroll saura ­s’imposer en F1, comme Jacques Villeneuve l’a fait dans les années 1990?

«C’est très gros ce que Jacques est parvenu à accomplir à l’époque. Les gens ont malheureusement tendance à l’oublier. Je crois que Lance Stroll saura prendre les bonnes ­décisions dans sa carrière parce qu’elles ne seront pas basées sur des questions d’argent. Sa première saison avec l’écurie Williams, à l’âge de 18 ans, en sera une d’apprentissage en vue de rejoindre un jour les rangs d’une écurie de pointe. J’espère que la voiture Williams sera tout de même compétitive cette année afin qu’il puisse démontrer son savoir-faire. Je me réjouis de le voir accéder à l’univers de la F1. Pour une fois qu’on a un jeune qui a du talent ainsi que les moyens financiers pour progresser. Je lui souhaite la meilleure des chances.»

T’attends-tu à un meilleur ­spectacle cette saison lors des Grands Prix de Formule 1?

«La F1 se cherche. La formule de qualifications instaurée l’an dernier était ridicule. La nouvelle réglementation adoptée cette année au sujet des pneus plus larges et un plus grand appui aérodynamique me plaît. On est en droit d’espérer un meilleur spectacle, et l’intérêt pour la F1 grandira au Québec en raison de la présence de Stroll.»

Bertrand Godin

  • 49 ans, né à Saint-Hyacinthe, réside à Sainte-Marie-Madeleine, marié à Annie Trudeau, père d’un garçon, Anthony, âgé de 14 ans
  • Emplois: instructeur de conduite automobile à l’École nationale de police de Nicolet depuis 2011, porte-parole du Salon de l’auto de Montréal depuis 16 ans, commentateur des courses de la série ­IndyCar à TVA Sports, ­animateur de l’émission Du haut des airs, à TVA Sports, conférencier, porte-parole de Monsieur Muffler.
  • Carrière: 1992 à 1994, pilote de l’écurie Mygale au Championnat de France de formule Ford; 1995 et 1996, pilote pour l’écurie Player’s en formule Indy Lights; 1997, pilote pour l’écurie Player’s en formule Atlantique, remporte sa première victoire au Grand Prix du Canada; 1998, pilote pour l’écurie Durango en formule 3000, l’antichambre de la F1; de 1999 à aujourd’hui, il a piloté des voitures dansdiverses séries, dont celle de la Coupe Nissan Micra l’an dernier.
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