Des ingénieurs exigent la fin de leur procès
Blâmés pour l’effondrement d’une partie du tunnel Viger
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Accusés par leur ordre professionnel pour l’effondrement d’une partie du tunnel Viger en 2011, deux ingénieurs de SNC-Lavalin estiment que certaines tactiques du syndic plaignant sont «malicieuses» et tentent de faire tomber les accusations contre eux.
Exclusions de projets majeurs, questions incessantes de la part de proches et stress personnel «considérable». Les ingénieurs Olivier Joly et Caroline Moisan disent que le délai de cinq ans entre l’incident et leur procès devant le conseil de discipline de l’Ordre des ingénieurs du Québec (OIQ) leur crée un préjudice «important».
«Vivre des accusations et un procès comme celui-ci a de fortes conséquences psychologiques. J’ai eu le sommeil troublé et beaucoup de remises en question au travail. C’est terrible, comme expérience», a témoigné hier M. Joly.
Il avance même avoir été tassé de plusieurs gros projets en raison de la plainte contre lui.
Depuis 2014, sa collègue et lui font face à quatre chefs d’accusation. On leur reproche d’avoir soumis des documents techniques «ambigus», d’avoir exprimé des «avis incomplets» dans les plans et devis, et d’avoir rédigé des rapports sur l’état du tunnel «qui n’étaient pas basés sur des connaissances suffisantes».
Or, les accusations hautement médiatisées sont tombées plus de trois ans après que plus d’une centaine de tonnes de béton sont tombées sur la chaussée de l’autoroute Ville-Marie lorsqu’un mur de soutien a cédé, causant l’effondrement d’une énorme poutre ainsi que de plusieurs paralumes.
Ensuite, il a fallu attendre deux autres années, soit février 2016, pour le début du procès devant le conseil de discipline.
« Malicieux »
Face à ces délais qu’il juge «excessivement longs», l’avocat des deux ingénieurs a soumis la semaine dernière une requête en arrêt des procédures au conseil de discipline.
Dans sa demande, Me Claude Leduc dénonce aussi le «laxisme» du syndic plaignant, qu’il accuse de lui transmettre régulièrement des éléments de preuve à la dernière minute. Il lui arrive même de recevoir des documents le matin des audiences, dit-il.
Il s’agirait d’un problème «systémique et persistant» qui ne permettrait pas aux accusés d’avoir un procès juste, a ajouté Me Leduc.
«Honnêtement, ça me paraît chaotique et malicieux jusqu’à un certain point», a lancé M. Joly en interrogatoire.
Le procureur du syndic n’a pas voulu commenter la demande d’arrêt des procédures.