Un premier gin gaspésien
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Radoune, c’est le nom d’un coin de pays parsemé de montagnes, lové entre Rivière-au-Renard et Gaspé. C’est aussi le nom d’un nouveau gin québécois, parfumé aux champignons forestiers récoltés dans cette magnifique région, qui ira rejoindre les autres spiritueux d’artisans d’ici sur les tablettes des SAQ Sélection à compter du 17 mars.
Celui-là sera le meilleur de tous, affirme Michael Briand, directeur général de la nouvelle microdistillerie gaspésienne O’Dwyer. Comme tout bon homme d’affaires, il prêche pour sa paroisse. «La chanterelle est l’ingrédient principal. Ça donne à notre gin un goût d’amande, une impression de rondeur. Le matsutake, lui, ajoute un petit côté piquant en bouche», explique le jeune homme né à Sudbury, en Ontario.
À l’alambic, on a ajouté six ingrédients, dont quatre champignons. Pourquoi les champignons? «Parce que le gin, c’est comme ça, explique Michael. On le parfume en ramassant ce qui pousse près de chez soi pour lui donner une couleur locale.» Le Piger Henricus en Montérégie, c’est le panais, le gin Ungava, du thé du Labrador, le gin forestier Canopée, des ingrédients puisés dans nos forêts, et le gin St-Laurent de Rimouski, des algues du fleuve.
Formé en génie de la construction à l’École de technologie supérieure de Montréal (ÉTS), Michael était loin de se douter qu’il ouvrirait un jour sa propre microdistillerie et encore moins à Gaspé.
Retour aux sources
«Mon père a grandi à Douglasstown tout près de Gaspé. Il a dû quitter sa région pour trouver du travail», raconte-t-il. À 19 ans, Michael a fait le chemin inverse. Il a eu envie de renouer avec ses racines. Il a quitté Sudbury pour venir étudier au cégep de la Gaspésie et des Îles. Pour lui, c’était l’occasion rêvée d’apprendre à parler français. Ce qu’il ne savait pas, c’est qu’il y trouverait aussi la femme de sa vie.
Il a tellement aimé les gens, la culture, les paysages, qu’après sa formation à l’ÉTS, il a décidé d’adopter Gaspé pour de bon. C’est en se cherchant un emploi que l’idée d’ouvrir une microdistillerie lui est passée par la tête. Mêler sciences et art lui plaisait, d’autant plus qu’il s’amusait déjà à fabriquer son propre gin maison par infusion.
Trouver sa place
Il a monté son plan d’affaires, puis enclenché le long processus de demandes de subventions et de permis. «S’installer en région éloignée, ça aide à obtenir de l’aide financière», a-t-il constaté. Entre-temps, il a aussi trouvé le partenaire idéal pour fabriquer leur alcool et mettre au point leur recette. Frédéric Jacques, docteur en chimie organique et vice-président de la compagnie, a mis deux mois à stabiliser le goût de leur gin.
«Avec les champignons, ce n’était pas évident, note Michael. Au début, il fallait attendre 20 jours. Maintenant, on arrive à obtenir le goût recherché en sept jours.» Leur prochain défi sera de mettre au monde un premier whisky gaspésien, le summum de l’art dans le monde des alcools forts selon lui.
D’ici là, ils doivent encore
arriver à faire leur place dans un marché où les nouveaux produits poussent comme des champignons. Les deux hommes d’affaires sont confiants. Il y a un réel engouement au Québec pour les gins produits chez nous, ont-ils constaté. Ils comptent aussi sur le marché du Nouveau-Brunswick et les marchés étrangers.
«Les gins québécois ont très bonne réputation et gagnent des prix à l’extérieur du Québec», se réjouit Michael.
Produit vedette
Un gin 100 % gaspésien fabriqué à partir de quatre champignons sauvages cueillis à la main dans la région de Rivière-au-Renard. La chanterelle est l’ingrédient principal. On y trouve également du matsutake, un champignon qui apporte un peu de piquant au produit.
♦ En vente dans toutes les SAQ Sélection à compter du 17 mars ou en importation privée.