Au Palais des Nains
1926
Un Palais sur la rue Rachel
Bienvenue dans l’établissement le plus «royal» de la rue Rachel: le Palais des Nains, situé au 961 de la rue Rachel Est. Le «comte» Philippe Nicole et la «comtesse» Rose Dufresne viennent d’y aménager en 1926 avec leur nouveau-né, le petit «prince» Philippe. Gardée par deux lions en pierre, l’entrée est le seul endroit de taille «normale». En effet, l’intérieur se révèle une copie miniature d’une habitation bourgeoise du Plateau Mont-Royal. La famille Nicole et le personnel infirmier y reçoivent les visiteurs arrivant bien souvent en autobus touristiques. Constituant l’une des attractions de Montréal avec la basilique Notre-Dame et le musée de cire, le Palais suit la mode américaine des dimes museums, où l’excentricité est de mise. Pour les visiteurs, c’est un moment d’étonnement lorsqu’ils se familiarisent avec l’intérieur du Palais et l’histoire du couple Nicole avant son arrivée à Montréal.
Un mariage au Massachusetts
Cartes de visite, photographies colorisées, brochures biographiques, la publicité sur le Palais des Nains abonde dans les archives. Seul de sa famille à être de petite taille, Philippe Nicole est né le 27 septembre 1881 à Saint-Henri de Lévis. Comme bien des Canadiens français, la famille a quitté la province pour la ville industrielle de Manchester, au New Hampshire. Intégrant les vaudevilles et la troupe des cirques Barnum and Bailey, Sells Brothers and Forepaugh, Philippe entre dans le monde du show-business. Par l’entremise de Joseph-Octave Champagne, gérant de l’homme fort Louis Cyr, il rencontre Rose Dufresne à Lowell, au Massachusetts. Jeune Franco-Américaine de petite taille, elle joue du piano et se révèle une excellente cuisinière. Attirant une foule énorme, leur mariage qui força la fermeture des bureaux et des usines, est célébré à Lowell le 22 novembre 1906. S’établissant à Montréal avec un joli pécule, ils ouvrent un premier Palais au 415 (507a), rue Rachel en 1913, puis un second au 961, rue Rachel en 1926.
À l’intérieur du Palais
Attablé avec son épouse, le «comte» Philippe vous accueille dans l’intimité de son quotidien. Mais il ne faut pas songer à vous asseoir sur une chaise, celle-ci s’écraserait certainement sous votre poids! L’ensemble du mobilier, du piano au cabinet d’aisances, est à la taille de ses minuscules occupants. Plein d’ambition, Philippe senior rêve de construire un troisième Palais au parc Lafontaine, un projet qui sera refusé par le Comité exécutif de Montréal. À la suite de son décès, en 1940, le Palais a continué ses activités par l’entremise d’un gérant. Son épouse Rose y vit avec son fils, qui lui cause bien du souci. Philippe junior est connu des policiers, notamment pour le braquage d’un bureau de tabac de l’avenue Mont-Royal en 1951. S’exilant aux États-Unis, il devient lutteur. Après le décès de Rose, en 1964, Huguette Rioux-Bastien, également de petite taille, y ouvre un «hôpital pour poupées» en 1972. En apportant votre poupée à réparer, vous pouviez visiter l’appartement miniature des Nicole jusqu’en 1992.