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Histoire de femmes

C’est lors d’un voyage en train que la vie de Julieta (Adriana Ugarte) bascule.
Photo courtoisie C’est lors d’un voyage en train que la vie de Julieta (Adriana Ugarte) bascule.

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Même en adaptant trois nouvelles de la ­Canadienne Alice Munro, Pedro Almodovar fait sienne cette histoire conventionnelle.

C’est par l’utilisation de la couleur qu’on sait immédiatement que le réalisateur ­espagnol est aux commandes, du rouge ­éclatant du chemisier de l’héroïne lors des premières minutes du long métrage, aux ­camaïeux de bleus de sa maison du bord de mer pour finir avec la voiture qui roule sur un chemin de montagne. Le scénario, par contre, n’a ni l’excentricité ni l’humour des œuvres habituelles d’Almodovar, ce qui n’est pas un reproche, la vie du personnage principal étant dévoilée un peu à la manière d’un jeu de piste.

Le chemisier rouge du début, c’est celui de Julieta (Emma Suarez), qui s’apprête à suivre Lorenzo (Dario Grandinetti), son amoureux, au Portugal. Mais la rencontre fortuite d’une jeune femme, Bea (Michelle Jenner), la fait changer d’avis. Et c’est quand elle se met à écrire à sa fille, Antia (Priscilla Delgado et Blanca Pares, en fonction de l’âge), dont on vient d’apprendre l’existence, qu’elle raconte sa vie.

Magnifiques performances

C’est lors d’un voyage en train que la vie de la jeune Julieta (Adriana Ugarte) bascule, puisqu’elle y fait la connaissance de Xoan (Daniel Grao), de qui elle tombe rapidement enceinte. Elle le rejoint donc. Le couple ­passe des années heureuses jusqu’à ce que la tragédie frappe, marquant Julieta à ­jamais (la scène de transition entre les deux actrices, qui illustre ce propos, est absolument magnifique). Tant Emma Suarez et Adriana Ugarte crèvent l’écran, chacune des deux interprètes de Julieta faisant écho à la prestation de l’autre; on voit ainsi des restes de la jeunesse et de l’insouciance de l’héroïne dans le visage de la plus âgée et le début des peines dans les traits de la plus jeune.

Ce long métrage résolument féminin – on note aussi la participation de Rossy de ­Palma, actrice fétiche d’Almodovar – n’est peut-être pas le plus éclatant du cinéaste ni celui qui restera dans les mémoires. Julieta est, néanmoins, un portrait finement ciselé, rempli de nuances et qui suscite l’intérêt et l’émotion.

  • Julieta (4/5)
Un film de Pedro Almodovar.
Avec Emma Suarez, Dario Grandinetti et Adriana Ugarte.

 

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