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Attentat dans une mosquée de Québec: des musulmans songent à quitter la province

Le centre islamique de Québec est situé sur le chemin Sainte-Foy. Le secteur a été bouclé par les policiers peu après la tuerie.
Le centre islamique de Québec est situé sur le chemin Sainte-Foy. Le secteur a été bouclé par les policiers peu après la tuerie. Photo Agence QMI, AURÉLIE GIRARD


La communauté musulmane est sous le choc à la suite de la sanglante attaque de la Mosquée de Sainte-Foy survenue dimanche soir, à un point où certains songent même à quitter le Québec, où ils ne se sentent plus en sécurité.

Mohammed Oudghiri est arrivé au pays il y a 42 ans et malgré tout, il pense retourner au Maroc, son pays d’origine. «Jamais je n’aurais pensé que ça arriverait ici. Je suis Québécois. J’avais choisi une place pour vivre et pour mourir. [...] Je pense aujourd’hui à quitter après 42 ans. Je ne risquerai pas ma vie», confiait l’homme quelques heures à peine après la fusillade, tentant de refouler un sanglot

«J’ai deux chez moi. J’ai toujours préféré vivre ici, mais si on n’est plus désiré», a dit l’homme, sans compléter sa phrase. «J’ai des enfants qui sont nés ici, qui se sont mariés ici. J’ai des petits-enfants. Je commence à être inquiet et c’est normal.»

Le centre islamique de Québec est situé sur le chemin Sainte-Foy. Le secteur a été bouclé par les policiers peu après la tuerie.
Mohammed Oudghiri, témoin Photo ANNIE T. ROUSSEL

Plus en sécurité

Ce dernier a toujours cru que le Québec représentait la sécurité. Son avis a changé alors que les siens tombaient sous les balles des deux présumés tireurs. «Il n’y en a plus de sécurité. Si ça continue comme ça, on ne se sentira plus en sécurité ici non plus», soupire M. Oudghiri

Il a perdu un bon ami dans la fusillade. Un homme bon, généreux, qui donnait de son temps à la mosquée. «C’était un homme qui travaillait au Québec. Il venait à la mosquée donner des cours. C’est injuste. [...] Je le connaissais grâce à la fréquentation de la Mosquée et nous étions très proches.»

Escalade de haine

Plusieurs membres de la communauté ont parlé d’une escalade dans les gestes haineux ces derniers mois. Des caméras de surveillance en fonction 24h/24 avaient d’ailleurs été installées il y a quelques mois. Mais jamais il n’aurait cru qu’on en viendrait à s’attaquer de cette façon à eux.

«Il y a eu la tête de cochon déposée à la porte il y a quelques mois. Ils ont peinturé les fenêtres, écrit des choses haineuses sur les murs. C’était choquant, mais ça s’est aggravé jusqu’à ça. C’est terrible», explique El Houcine El-Fergani.

Ce membre de la mosquée de Sainte-Foy croit à un geste préparé minutieusement. «C’est cruel. Pour arriver à ça, on doit se préparer des mois et des mois. Pour en arriver à tuer des innocents, qui vivent dans la paix, il faut être cruel», estime M. El-Fergani.