L’agent aurait eu de la difficulté à maîtriser le conducteur agité
Le policier de Lanaudière accusé d’avoir battu un père de famille l’aurait frappé à la tête avec son bâton télescopique parce qu’il n’arrivait pas à le maîtriser autrement, a-t-il expliqué à la cour.
«Je [me] fatiguais. Je me dis qu’il faut vraiment que ça arrête parce que je suis en train de perdre. [...] Le réflexe que j’ai, ce que je vois, c’est sa tête», a témoigné l’agent Guillaume St-Louis, 35 ans.
Hier, le juge Carol Richer a eu droit à une tout autre version de l’interception du citoyen Alexandre Hébert, survenue le 9 décembre 2014, à Lanoraie.
Le père de famille de 34 ans allait reconduire sa fillette de 11 mois à la garderie lorsqu’il a été intercepté par l’agent St-Louis pour des vitres trop teintées.
Les événements ont dégénéré à un point tel que M. Hébert a eu deux lacérations à la tête et un doigt fracturé.
Le policier de la Sûreté du Québec, qui comptait 13 ans d’expérience, a quant à lui été accusé de voies de fait armées et causant des lésions, ainsi que d’utilisation négligente de son bâton télescopique.
Alexandre Hébert n’avait pas ses papiers d’identification, alors le patrouilleur lui a ordonné de sortir du véhicule.
Il ne lui aurait pas demandé son nom ni vérifié sa plaque d’immatriculation.
« Agressif et arrogant »
«Monsieur est agressif, arrogant, en colère, et ça fait deux fois qu’il me dit qu’il veut s’en aller», s’est justifié l’agent, au palais de justice de Joliette.
Le policier affirme que le conducteur lui a donné un coup avec sa poitrine en sortant de son Acura TL.
L’agent soutient avoir ensuite été poussé par M. Hébert, en tentant de lui enlever ses lunettes de soleil. D’après le policier, le conducteur avançait vers lui «les poings serrés, la mâchoire barrée».
Le patrouilleur aurait utilisé son poivre de Cayenne, sans le moindre effet. Des coups de bâton aux jambes n’auraient pas non plus suffi pour obtenir la collaboration de M. Hébert, selon le policier.
Le père de famille aurait plutôt agrippé le bâton télescopique. Lorsque l’agent St-Louis a réussi à l’amener au sol, il l’y aurait maintenu pendant cinq minutes avant de porter le coup à la tête.
« Rodéo »
«Je lui crie de mettre ses mains dans le dos. Il essaie de me renverser, il gesticule, c’est un peu un rodéo», illustre-t-il.
Le policier l’aurait donc frappé à l’arrière de la tête «avec une force modérée», dans l’espoir que cela arrête et qu’il puisse le menotter.
Alexandre Hébert avait quant à lui parlé de trois coups à la tête. Or, de tels coups ne devraient être portés que lorsque le policier risque des blessures sérieuses ou la mort, a noté un expert en emploi de la force, il y a deux semaines.
À aucun moment hier, l’agent St-Louis n’a dit au juge qu’il a eu peur pour sa vie. «C’était pour qu’il mette sa main derrière sa tête», a-t-il admis en contre-interrogatoire.