Deuxième coulée pour les érables
La tempête donne beaucoup de travail aux acériculteurs et prolongera les sucres
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VICTORIAVILLE | La tempête qui s’est abattue sur le Québec au cours des derniers jours a causé bien des maux de tête, mais elle est remplie de promesse pour les acériculteurs québécois qui se demandaient bien à quoi allait ressembler la prochaine saison des sucres.
«D’après moi, c’est un plus. Il n’y a pas si longtemps, la terre n’était plus gelée et il n’y avait plus de neige au pied des arbres. On se demandait si ça allait encore couler. Le temps très froid des deux dernières semaines a fait regeler la terre et cette couche de neige devrait prolonger le temps des sucres et nous donner plus de sirop», explique Denise Gardner, propriétaire d’une érablière de quelque 3000 entailles à Saint-Norbert-d’Arthabaska, dans le Centre-du-Québec.
Mme Gardner n’est pas la seule à faire preuve d’optimisme, Martin Dupuis, propriétaire d’une érablière de 12 000 entailles située sur le flanc du mont
Arthabaska, déneige avec le sourire depuis quelques jours.
Il perçoit cette importante bordée de neige comme une bonne nouvelle annonciatrice d’une longue et fructueuse période des sucres.
«On s’attend encore une fois à une bonne saison. Cette neige qui est venue s’ajouter au pied des arbres devrait permettre de prolonger la période des sucres », dit-il, précisant qu’il avait déjà réussi à amasser le quart de sa récolte de l’an dernier lors du redoux de février.
Pour son cousin, Jérôme Hamel, un autre acériculteur de la région de Victoriaville, il ne fait aucun doute qu’on va fracasser des records.
«Ça va prolonger le printemps pour la peine. On appuie sur reset et on recommence. On est à la merci de la température, mais on s’attend à une très bonne saison», dit-il.
Une production hâtive
La récolte qui pointe à l’horizon sera la deuxième pour les acériculteurs du Centre-du-Québec en 2017.
Ces derniers ont eu l’occasion de bouillir plusieurs gallons de sirop au cours de la dernière semaine de février.
Mme Gardner estime avoir déjà atteint près de la moitié de la récolte record de l’an dernier.
«On n’a jamais vu ça en 36 ans. C’était la première fois qu’on pouvait récolter l’eau d’érable un 23 février. On a eu neuf jours de récolte et la qualité était vraiment bonne. Lorsque le soleil chauffe les tubes, ça crée de bonnes bactéries pour le sirop, ça lui donne une belle couleur», se réjouit-elle.
Pas de tout repos
Propriétaire d’une érablière dans le Centre-du-Québec, Martin Dupuis s’attend à ce que le mercure grimpe suffisamment au cours des prochains jours afin que ses 12 000 érables donnent de leur précieuse sève sucrée.
Afin de s’assurer que l’eau se rende dans les cuves et puisse être bouillie, il doit pelleter pendant des heures afin de dégager la tubulure ensevelie sous l’épaisse couche de neige.
«Nos tubes principaux, ceux qui amènent l’eau vers l’érablière, sont placés un peu plus bas afin de favoriser le transport. S’ils sont dans la neige, ils demeurent gelés et peuvent se boucher. Il faut s’assurer qu’ils soient dégagés. J’ai déjà commencé le pelletage et j’ai appelé des gens pour m’aider », raconte le propriétaire d’une érablière située sur le flanc du mont Arthabaska, à Victoriaville.
Fleuron québécois
- Le Québec produit les trois quarts de la production mondiale de sirop d’érable
- Les coulées ont lieu lors de jours de dégel suivant des nuits de gel
- La saison des sucres commence lorsque la neige a presque disparu du pied des arbres
- L’eau d’érable contient environ 2 % de sucre