/news/currentevents
Publicité

Les chefs de police ignorent les détails

Les chefs de police ignorent les détails
PHOTO D'ARCHIVES, AGENCE QMI - MAXIME DELAND


Les chefs de police du SPVM et de la SQ n’ont pas cherché à connaître les détails des dossiers de journalistes épiés, mais ils tiennent à ce que ces cas leur soient rapportés.

Philippe Pichet, directeur du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), a poursuivi son témoignage devant la commission Chamberland mercredi. Il estime ne pas avoir commis d’erreur en ne posant pas beaucoup de questions à ses subalternes lorsqu’il a été informé de la surveillance de Patrick Lagacé en janvier 2016, bien avant que le scandale éclate.

M. Pichet était-il au courant en janvier 2016 qu’aucun des articles de journaux joints à la demande de mandat judiciaire n’était écrit par Patrick Lagacé? Que six mandats d’autorisation judiciaire ont été demandés sur plusieurs mois afin d’obtenir les données de cellulaires du chroniqueur de La Presse? Que les policiers ont demandé à pouvoir géolocaliser son téléphone dans le dernier mandat? Qu’un des mandats a été demandé à Longueuil et non à Montréal, comme ce qui se fait habituellement?

La réponse à toutes ces questions était la même : non.

Les procédures sont toutefois en train d’être modifiées au SPVM en ce qui concerne les cas d’enquête impliquant des membres des médias, a assuré M. Pichet. «Déjà il y a des gestes qui sont posés [...] Il ne faut pas attendre les recommandations de la commission», a-t-il ajouté en point de presse.

D'ailleurs, le SPVM et de la SQ obligent maintenant leurs policiers à informer la direction de tous les cas de journalistes surveillés, une directive qui n'existait pas avant novembre dernier.

«[L’affaire Lagacé] pourrait être possible [encore aujourd’hui], et c’est hypothétique. Mais le suivi serait beaucoup plus serré», a indiqué M. Pichet.

Dossier Saillant archivé

Même son de cloche du côté de la Sûreté du Québec (SQ). Le directeur général Martin Prud’homme a beau avoir révélé lundi que Nicolas Saillant du Journal de Québec a lui aussi été surveillé, il n’était toujours pas au courant du contenu du dossier en question mercredi.

Le dossier était archivé et la direction a demandé à ce qu’il soit récupéré, mais ne l’a toujours pas reçu, a-t-il avoué.

Les documents relatifs au cas Saillant devraient être envoyés à la commission d’ici Pâques, a tout de même estimé M. Prud’homme.

Données sécurisées

Par ailleurs, la sécurité des données du registre cellulaire du Patrick Lagacé n’a pas été compromise, ont précisé les hauts cadres du SPVM mercredi, contrairement à ce qui était ressorti de leur témoignage de la veille.

Le registre téléphonique obtenu par le SPVM a été placé sur un serveur très sécurisé qui n’est pas un réseau et auquel n’ont accès que quelques employés accrédités, a expliqué M. Deramond, responsable des enquêtes.

La veille, le directeur du SPVM Philippe Pichet a raconté de quelle façon il a été informé de la surveillance du chroniquer Patrick Lagacé, bien avant l’éclatement du scandale cet automne. Pichet a été informé en janvier 2016 qu’une autorisation judiciaire allait être demandée afin de pouvoir examiner les numéros des appels entrants et sortants sur le cellulaire de Lagacé.

Peu de temps après l’obtention du mandat, le chef des affaires internes a assuré à ses patrons que les données recueillies allaient être sécurisées sur une clé militaire afin d’éviter qu’elles tombent entre de mauvaises mains.

Or, ce n’est qu’en octobre que les données ont été cryptées tel qu’il avait été convenu, selon un affidavit présenté lors des audiences mardi par l’avocat de La Presse.

M. Pichet et M. Deramond, ont donc appris en pleine commission que la procédure qu’on leur avait annoncée n’avait pas été respectée. «C’est problématique», avait reconnu M. Pichet.

Mercredi, M. Deramond a toutefois tenu à préciser que la sécurité et l’intégrité des données ont tout de même été protégées.

La commission Chamberland a été créée en novembre dernier après l’éclatement du scandale des journalistes qui ont été épiés ou mis sous écoute à leur insu par la police de Montréal et la Sûreté du Québec.

 







Commentaires

Vous devez être connecté pour commenter. Se connecter

Bienvenue dans la section commentaires! Notre objectif est de créer un espace pour un discours réfléchi et productif. En publiant un commentaire, vous acceptez de vous conformer aux Conditions d'utilisation.