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250 000$ pour remarcher

Un homme a subi une rare opération pour se faire visser une jambe bionique

Luc Charlebois est en Floride afin d’essayer sa nouvelle jambe et faire de la physiothérapie. À l’aide d’une nouvelle hanche et grâce à un socle qui est vissé directement dans l’os de sa jambe, Luc peut y accrocher une jambe bionique.
Photo courtoisie  Luc Charlebois est en Floride afin d’essayer sa nouvelle jambe et faire de la physiothérapie. À l’aide d’une nouvelle hanche et grâce à un socle qui est vissé directement dans l’os de sa jambe, Luc peut y accrocher une jambe bionique.

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Un homme qui a eu la jambe arrachée lors d’un grave accident de moto s’est fait visser une prothèse artificielle dans l’os en Australie. Cette jambe bionique qui lui a coûté 250 000 $ va lui permettre de marcher de nouveau.

«C’est extraordinaire. Quand je marche, je sens. Je sais exactement où mon pied va. J’ai une sensation comme si c’était ma propre jambe», a affirmé Luc Charlebois en entrevue au Journal.

En janvier dernier, il s’est envolé vers l’Australie afin de subir une nouvelle chirurgie, l’ostéointégration, qui consiste à visser directement dans les os de sa jambe un embout de prothèse. Avec le déplacement, l’opération a coûté à l’homme environ 250 000 $.

Le médecin lui a tout d’abord reconstruit la hanche. Il a coupé les ligaments, les muscles, puis a tout allongé. «Ils ont allongé le moignon. Les muscles, la peau et les nerfs sont rendus là», a-t-il expliqué.

Sensations

Il a subi une seconde opération le 8 février dernier. C’est à ce moment que le spécialiste lui a vissé la prothèse. «Il place le bout pour attacher la prothèse. C’est tout à l’intérieur, explique-t-il. La sensation est assez incroyable. Ça faisait 10 ans que je n’avais pas de sensation. Tout est connecté à mon corps, a-t-il réagi. Avec la nouvelle technologie, l’os pousse dans la prothèse.»

Grave accident

L’homme peut maintenant espérer retrouver une vie normale après 10 années difficiles où il a vécu avec un court moignon qui le handicapait.

En 2005, l’habitant de Hawkesbury en Ontario, à 2,3 km de la frontière du Québec, revenait d’une promenade en moto lorsqu’il a été fauché par un véhicule. «J’étais magané. Je n’étais pas censé passer à travers [...] La jambe s’est arrachée durant l’accident. En haut du genou. Mais ils ont dû amputer trois fois ensuite en raison de l’infection. Je n’avais plus de peau», a expliqué M. Charlebois.

Il était très compliqué pour lui de trouver une prothèse adéquate et confortable. Il ne pouvait plus travailler et ses sorties étaient déterminées en fonction de la température.

Puis, il a entendu parler du docteur Munjed Al Muderis, un Irakien qui s’est enfui du régime de Saddam Hussein et qui a inventé une méthode révolutionnaire en Australie. Cette méthode ressemble énormément aux implants dentaires et consiste à visser la prothèse dans l’os.

Toutefois, Luc Charlebois a dû convaincre Munjed Al Muderis, car l’intervention avec seulement huit pouces de moignon pouvait présenter de lourds risques. «Il y avait des risques. Mais je l’ai convaincu. Les risques ne me dérangeaient pas, a-t-il dit. Le plus grand risque était de faire une infection.»

À PROPOS DE L’OStÉOINTÉGRATION

Luc Charlebois est en Floride afin d’essayer sa nouvelle jambe et faire de la physiothérapie. À l’aide d’une nouvelle hanche et grâce à un socle qui est vissé directement dans l’os de sa jambe, Luc peut y accrocher une jambe bionique.
Photo courtoisie 
  • 40 Canadiens ont déjà fait le voyage afin de subir cette intervention. La préparation peut prendre des années.
  • Le coût moyen pour un Canadien est d’environ 150 000 $.
  • Les coûts augmentent selon la complexité, par exemple lorsque les médecins doivent reconstruire une hanche avant l’opération.
  • Plusieurs provinces offrent des programmes et couvrent environ 80 % des dépenses, comme en Ontario.
  • Aucune chirurgie d’ostéointégration n’a été payée par la Régie de l’assurance maladie du Québec.
  • L’opération n’est toujours pas approuvée par Santé Canada et est encore au stade expérimental.

Les membres du futur, croit une greffée

Luc Charlebois est en Floride afin d’essayer sa nouvelle jambe et faire de la physiothérapie. À l’aide d’une nouvelle hanche et grâce à un socle qui est vissé directement dans l’os de sa jambe, Luc peut y accrocher une jambe bionique.
Photo courtoisie 

Une joueuse de l’équipe canadienne de volleyball assis, qui vient de se faire visser une jambe artificielle dans l’os, croit qu’un jour, des gens voudront se faire amputer des membres tellement les prothèses intelligentes seront performantes.

«Peut-être que je ne verrai pas ça de mon vivant. Mais ils peuvent vraiment repousser les barrières», a mentionné, le sourire dans la voix, Chantale Beauchesne, membre de l’équipe canadienne paralympique aux Jeux de Rio.

C’est comme si vous aviez une partie de robot en vous? lui a-t-on demandé. «Oui, comme Terminator, a rigolé l’athlète. Je suis certaine qu’ils vont faire des choses incroyables. Des experts disent qu’on verra peut-être un jour des individus qui vont vouloir se faire faire une amputation parce que les prothèses vont être meilleures que les membres normaux. Ça serait incroyable de vivre ça! Ça serait tellement sharp, ne pas avoir à faire un mouvement avec sa jambe, mais seulement avec la réaction neurologique et musculaire.»

Il y a huit ans, Chantal Beauchesne a perdu sa jambe alors qu’elle était passagère d’une motocyclette. Elle avait 25 ans. Son membre a été sectionné par un fil de métal accroché à un pylône d’Hydro.

Dès le départ, elle voulait être active et s’est procuré une prothèse munie d’un socle dans lequel elle pouvait insérer sa jambe. Elle pouvait marcher et faire du sport, mais la douleur était constante. Alors, elle s’est rapidement intéressée aux travaux du docteur Munjed Al Muderis en Australie. Et, après sept années de réflexion et d’études, elle a foncé.

Confort et performances

Elle a subi sa chirurgie le 11 janvier dernier et moins d’un mois plus tard, elle marchait déjà chez elle en Ontario.

«Je fais de la bicyclette, avec un genou qui est comme un ordinateur. Ça fonctionne très bien. Je vais aussi pouvoir jouer au volleyball debout, ce qui n’était pas une option pour moi avant. Je perdais toujours ma jambe», a-t-elle expliqué, indiquant vouloir retourner aux études.

Un Québécois va se spécialiser en Australie

Michael J. Assayag, Chirurgien orthopédiste
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Michael J. Assayag, Chirurgien orthopédiste

Michael J. Assayag est un chirurgien orthopédiste de Québec spécialisé dans la correction des malformations congénitales. Bientôt, il deviendra le premier Québécois formé afin de faire de l’ostéointégration pour les amputés. Le médecin veut revenir ensuite au Québec pour exercer.

Qu’est-ce que l’ostéointégration?

C’est comme une prothèse dentaire dans la bouche. C’est un implant directement vissé dans l’os. Ce sont des implants qui sont très solides. On peut remplacer une dent ou une multitude d’autres choses. Ce sont des implants qui ont une biocompatibilité, c’est-à-dire que le matériel se marie avec l’os de façon à ne faire qu’un.

De quoi sont faites ces prothèses?

Elles sont typiquement faites en titane, ce qui est très biocompatible. Bien entendu, c’est magnifique. C’est vraiment un domaine du futur. On peut penser à Terminator et plein d’autres films de science-fiction que nous avons vus. Ça se développe rapidement.

Jusqu’où pourront se rendre ces nouvelles technologies?

Il n’y a pas de limites. On a qu’à penser aux robots qui fonctionnent grâce à des signaux d’électroencéphalographie et je pense que ça, c’est l’avenir. Avec la robotique, de plus en plus, on est en train de voir des robots qui commencent à fonctionner grâce à la pensée et les ondes cérébrales. Un jour, on va être capable de faire des prothèses qui vont être exceptionnellement bonnes.

Quand votre départ pour l’Australie est-il prévu?

Si tout se passe bien, au début de l’automne afin de travailler avec l’équipe du docteur Munjed Al Muderis. Il reste encore énormément de travail et de planification, mais c’est là qu’on se dirige. Ça ne peut pas se faire seul.

Quand pourrions-nous voir cette nouvelle technologie au Québec?

Je veux vraiment revenir pratiquer au Québec. Je pense que d’ici quelques années (5 ans), nous pourrons voir des Québécois subir de l’ostéointégration au Québec. Sans doute à Montréal, ce serait l’endroit idéal. Dans un système public, il y a une gestion de coûts auquel il faut penser.

 

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